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Vivendi prêt à déclencher l’introduction en Bourse d’Editis pour en céder le contrôle

Le groupe contrôlé par la famille Bolloré a précisé ses plans et montages à venir pour le numéro deux français de l’édition. Le scénario privilégié n’a pas forcément les faveurs de Bruxelles ni des représentants du personnel.

L’issue se rapproche dans le long dossier de la revente d’Editis par Vivendi. Ce dernier doit impérativement se défaire du numéro deux de l’édition française pour que Bruxelles ne retoque pas son rachat d’ Hachette (via l’OPA sur le groupe Lagardère de mi-2022), le leader du marché tricolore, pour des raisons anticoncurrentielles.

Lundi, des émissaires du groupe contrôlé par la famille Bolloré ont précisé leurs plans et montages juridico-financiers à venir pour Editis lors d’un comité de groupe. Malgré les réserves des représentants du personnel, ils ont confirmé, de fait, que l’option de la cotation-distribution en Bourse, présentée l’été dernier, demeurait le scénario privilégié.

Au cours de cette réunion, Vivendi a précisé qu’il avait pour intention de coter Editis Holding sur Euronext Growth, selon nos informations, confirmant celles du « Monde ». Le groupe estime que ce compartiment serait plus conforme au poids économique de l’entreprise qui y serait l’une des plus grosses capitalisations. Ce qui lui octroierait une meilleure visibilité.

Elargir le socle des acquéreurs potentiels

Surtout, dans ce scénario, la famille Bolloré détiendrait, à l’issue de l’opération, près de 32 % du capital d’Editis, un bloc qui serait alors revendu à un tiers devenant l’actionnaire de référence du numéro deux français de l’édition – cette participation est supérieure au poids de la famille Bolloré au capital de Vivendi (29,5 %), l’autocontrôle (5,7 %) étant neutralisé. Or, en franchissant le seuil de 30 % sur Euronext Paris, l’acheteur se verrait contraint, réglementairement parlant, de lancer une OPA sur l’ensemble des titres de Vivendi, alors que le seuil de déclenchement est fixé à 50 % sur Euronext Growth. Or, une OPA casserait la logique de ce montage.

Pour quelle raison le groupe privilégie-t-il la scission au lieu de la vente totale d’Editis ? D’une part, Vivendi a soutenu, lors du comité de groupe, qu’aucun acquéreur potentiel ne s’était positionné sur un achat à 100 % d’Editis, selon nos informations. Les marchés font aussi des hypothèses : « cela permet à la famille Bolloré de sécuriser en amont le montant qu’elle va récupérer de la vente de sa part dans Editis », fait valoir un bon connaisseur du secteur. Et dans ce cas, le groupe Bolloré pourrait toucher une prime de contrôle sur ses parts, même si un expert souligne que les autres actionnaires pourraient trouver à redire s’il y avait une grande différence de traitement entre les actionnaires.

D’autre part, cela permet d’élargir le socle des repreneurs potentiels, le prix à payer pour prendre le contrôle de l’éditeur étant significativement moins élevé qu’en cas d’une vente à 100 %. Actuellement, les discussions sur la valorisation d’Editis tournent autour de 500 millions d’euros (sans compter 200 millions de dettes) ; le repreneur n’aurait qu’à débourser autour de 150 millions dans ce scénario.

Six repreneurs en lice

Demeurent cependant deux points d’interrogation concernant ce montage : quelle sera d’abord la réaction de la Commission européenne, qui n’y était initialement pas favorable ? Ensuite, Vivendi passera-t-il en force dans tous les cas de figure, avant ou sans l’aval de Bruxelles sur ce point précis ? « Le dialogue demeure permanent avec la Commission », confie-t-on de source proche du dossier.

Une chose est certaine, le calendrier se précise : cette opération devrait avoir lieu entre le mois d’avril et le mois de juin. Avant cela, le groupe contrôlé par la famille Bolloré doit dévoiler le nom du repreneur mi-février. Lors du comité de groupe de lundi, Vivendi a indiqué, sans les nommer, que six repreneurs potentiels étaient en lice.

Ces derniers se sont tour à tour positionnés ces derniers mois : Daniel Kretinsky (derrière CMI qui détient plusieurs titres de presse comme « Elle » ou « Marianne »), Reworld Media (« Top Santé », « Science & Vie », etc.), Xavier Niel (Free), le groupe italien Mondadori, Stéphane Courbit (FL Entertainment, au risque d’un conflit d’intérêts puisque Vivendi en est actionnaire à hauteur de quasiment 20 %). Un nouveau prétendant serait aussi très récemment entré dans la course, le groupe canadien de médias Québecor, d’après « La Lettre A ». Le monde de l’édition attend désormais la fumée blanche.

 

Lire : Les Echos du 27 janvier

 

Jean-Philippe Behr

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