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Comment la fièvre des NFT gagne les médias traditionnels

Warner Bros., CNN, ViacomCBS ou encore Fox : les médias traditionnels, surtout américains, explorent les usages possibles des NFT pour promouvoir les contenus, consolider les bases d’audience et éventuellement chercher des revenus supplémentaires.

C’est une vague que les médias traditionnels ne veulent pas rater. Né dans des communautés de développeurs et geeks de la finance parfois antisystème, l’engouement pour les « non fungible tokens » (NFT) a envahi le monde des arts et touche désormais les médias et l’industrie du divertissement.

Studios de Hollywood, chaînes de télévision, maisons de musique et même les journaux : de nombreux éditeurs et diffuseurs de contenus, surtout aux Etats-Unis, ont succombé à la mode de ces certificats numériques émis et échangeables grâce à une technologie de registre décentralisé (blockchain) qui en prouve la propriété. Neuf mois après la vente du premier tweet de Jack Dorsey pour 2,9 millions de dollars, les médias explorent les usages possibles des NFT pour promouvoir les contenus, consolider les bases d’audience et éventuellement chercher des revenus d’appoint.

Promouvoir « The Matrix »

Unique, chaque NFT peut donner des droits sur un actif (une image, un extrait vidéo de match NBA, une chanson, un personnage de film) et, comme une figurine, il peut être échangé. Ce type d’objet numérique permet ainsi de créer des environnements ludiques et utiles pour captiver les publics passionnés. C’est le cas pour le quatrième opus de « The Matrix ». Pour promouvoir la sortie du film, prévue le 22 décembre, Warner Bros. s’est allié avec la plateforme Nifty’s pour fabriquer 100.000 avatars représentant des personnages vivant dans la matrice. En achetant un jeton pour 50 dollars, les fans auront le fameux choix entre pilule bleue et pilule rouge, pouvant transformer en combattant de la résistance.

Certains auteurs et producteurs de films voient aussi dans les NFT un moyen de financement participatif capable de bousculer et moderniser Hollywood. Par exemple, le producteur Niels Juul veut lever entre 8 et 10 millions de dollars en vendant 10.000 NFT pour financer un film de Martin Scorsese .

Mais le premier personnage NFT de l’histoire du cinéma a peut-être déjà vu le jour. Pourquoi se limiter aux héros de romans ou de bande dessinée pour écrire un scénario ? L’artiste Micah Johnson a levé 2 millions de dollars en un jour en février autour d’Aku, un jeune homme noir qui rêve de devenir astronaute. Un succès financier qui a engendré la notoriété nécessaire pour signer rapidement avec un studio.

Pour les chaînes américaines aussi, les NFT représentent une nouvelle frontière pour consolider le lien avec les audiences les plus fidèles. CNN vend désormais des NFT liés à des morceaux de vidéos sur des moments historiques, comme la chute du mur de Berlin ou les élections présidentielles américaines. De son côté, le groupe ViacomCBS (CBS, MTV, Nickelodeon, Paramount Pictures) a noué une alliance avec une plateforme de NFT afin de lancer le printemps prochain un espace où les fans peuvent acheter, vendre et collectionner des jetons liés à ses franchises iconiques.

Fox sur tous les fronts

Mais c’est peut-être Fox qui est la chaîne la plus active. En août, la chaîne propriété de Rupert Murdoch a participé à la levée de fonds de 100 millions de dollars de la plateforme qui fournit la technologie à son studio de production spécialisé en NFT. Par le biais de ce studio, baptisé « Blockchain Creative Labs », Fox vient de nouer un partenariat avec le gérant des droits télévisés du catch américain afin de créer des NFT liés aux événements phare du « wrestling ».

Les expériences de NFT foisonnent dans les médias. Mais apporteront-elles de nouveaux revenus ? En tout cas, l’effet de mode est tel que même des journaux prestigieux comme « The Economist » s’y sont mis. Fin octobre, l’hebdomadaire britannique a mis aux enchères une image de sa Une sur la finance décentralisée. Un certain @9x9x9 a emporté cette pièce numérique unique pour 99,9 ethers, soit environ 420.000 dollars. Les recettes financeront des activités philanthropiques.

 

Lire : Les Echos du 7 décembre

 

Jean-Philippe Behr

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