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À « La Provence » et dans la PQR, l’heure est aux plans de départs

Une soixantaine de postes seraient menacés dans le quotidien du sud de la France repris par Rodolphe Saadé. « La Voix du Nord », « Midi Libre » et « Le Dauphiné Libéré » ont également pris des mesures d’économies ces derniers mois.

Le quotidien du sud de la France, repris par Rodolphe Saadé l’an dernier, a lancé ces jours-ci un plan de Gestion des emplois et des parcours professionnels (GEPP). Une soixantaine de postes sur les quelque 600 du groupe seraient menacés.

Le nombre de journalistes affectés n’a pas été communiqué – des précisions doivent être données cette semaine – mais dans la rédaction, plusieurs parlent de 20 à 30 départs sur environ 180 postes. A priori, il n’y aura pas de départs contraints. Et, vraisemblablement, ce serait plutôt les CDD qui seraient visés.

Gouffre financier

Même si le groupe espère avoir plus de CDI fin 2024 que fin 2023, et que des recrutements sont prévus, au final, la rédaction ne sera pas aussi fournie qu’avant le rachat par CMA CGM. « Il y a beaucoup d’abattement au sein de la rédaction. Au moment du rachat, on nous avait dit qu’on maintiendrait l’effectif intact », souligne un salarié.

Toujours est-il qu’après avoir mis sur la table autour de 100 millions d’euros pour reprendre le titre face à Xavier Niel, Rodolphe Saadé doit faire à une perte de près de 20 millions d’euros l’an dernier, ramenée à environ une dizaine de millions cette année, avant l’équilibre prévu fin 2024. Il a investi autour de 35 millions d’euros, notamment dans le numérique.

Réduction de coûts partout

« La Provence » fait partie des journaux de la presse quotidienne régionale qui ont été contraints de mettre en place des plans d’économies. En fin d’année dernière, c’était « La Voix du Nord », avec une centaine de suppressions de postes et une cinquantaine de créations, suivi par « Midi Libre » qui annonçait rechercher 45 départs volontaires. Au début de l’été, c’était au tour de « Sud Ouest » de lancer un plan d’économies avec non-renouvellement d’une dizaine de CDD, suivi par « Le Dauphine Libéré » (groupe Ebra), conduisant à des grèves. « Nice-Matin » a lui aussi ouvert un plan de départs, cet automne.

« Un peu partout, il y a des réductions de coûts, résume Jean-Clément Texier, banquier d’affaires et fin connaisseur de la presse. La PQR ne peut pas échapper à la vague qui affecte ses fondements éditoriaux. Et le développement du numérique ne produit pas assez de ressources pour financer les structures telles qu’elles sont. » Pour lui, il devrait y avoir encore des annonces de réorganisations à venir. « Même ‘Ouest France’, le leader, est en perte en 2022 », rappelle-t-il.

Recul marqué de la diffusion

« La PQN [presse quotidienne nationale, NDLR] semble avoir stabilisé ses effectifs, alors que dans la PQR, il y a une vraie tendance à la baisse qui ne semble pas s’arrêter », ajoute Jean-Marie Charon, sociologue et chercheur au CNRS, spécialiste de la presse. Selon les données de l’Observatoire de la presse, la PQR a perdu environ 10 % de cartes de presse entre 2012 et 2022.

Le secteur subit d’abord une baisse de ses ventes, sur fond de recul des recettes publicitaires. Selon l’ACPM, la diffusion France payée de la presse quotidienne régionale et départementale a baissé de 4,4 % en 2022-2023, soit un repli plus marqué qu’en 2021-2022 (-3,1 %), alors que la presse nationale elle, résiste (+1,8 %). Ensuite, ses coûts flambent avec la hausse du prix du papier mais aussi les difficultés sur le portage (qui représente une grande partie de la distribution), alors qu’il est de plus en plus en plus difficile de trouver des porteurs.

 

Lire : Les Echos du 14 novembre

 

Jean-Philippe Behr

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