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Au Caire, une des plus anciennes machines pour imprimer des hiéroglyphes remise en marche

Elle permet l’impression des caractères pour l’écriture hiéroglyphique égyptienne de l’Institut français d’archéologie orientale.

Pendant près d’un siècle, pour pouvoir imprimer les hiéroglyphes égyptiens vieux de plus de 5 000 ans, l’Institut français d’archéologie orientale (Ifao) du Caire a utilisé une célèbre machine des imprimeurs de la maison française Foucher fondée en 1847. Pour sauvegarder ce patrimoine et lui redonner un second souffle auprès des jeunes générations, cette merveilleuse mécanique reprend vie aujourd’hui.

Le photographe Ahmad Hassan s’est rendu dans l’atelier typographique de l’Ifao en décembre 2020. Six photos illustrent ce propos.

L’Institut français d’archéologie orientale (Ifao) a été fondé en 1880 au Caire. Il permet aux chercheurs d’étudier les civilisations égyptiennes à travers l’archéologie, l’histoire ou encore la philologie. Aujourd’hui, l’institut dirige 35 chantiers de fouilles en Egypte. Sa bibliothèque qui comprend 92 000 volumes est une référence dans le monde de l’égyptologie. Et son imprimerie permet de publier les travaux de ses chercheurs et les différents écrits de l’Institut.

Pendant un siècle, les caractères de plomb frappés de signes hiéroglyphiques représentant le système d’écriture figurative de l’ancienne Egypte ont été fabriqués grâce à la plus ancienne fondeuse de caractères automatique. Conçue par l’entreprise française Foucher en 1888, cette machine a permis la création de cette fonte particulière dès 1907, en moulant plus de 7 000 caractères.

Mais cette machine est restée inutilisée pendant 30 ans en raison des innovations technologiques et des nouvelles polices de caractères entièrement informatisées mises au point avec l’aide de plusieurs spécialistes des langues égyptienne, grecque et copte. Mais pour ne pas perdre définitivement ce patrimoine, en septembre 2020, l’imprimerie de l’Ifao a décidé de lui redonner une seconde jeunesse.

Remise en marche, la vieille fondeuse a pu recracher un à un des caractères de plomb frappés de signes hiéroglyphiques. « On a réussi à la redémarrer après plusieurs réparations et l’acquisition de pièces qui étaient défaillantes. On a été très émus » quand est apparu le premier caractère, refondu puis réimprimé, une croix de vie égyptienne, explique à l’AFP Mathieu Gousse, responsable du pôle édition de l’Institut. « Nous sommes à un moment charnière. (…) C’est le moment où on va pouvoir transmettre les connaissances, un savoir-faire à une plus jeune génération », assure-t-il.

Car, outre la dimension patrimoniale, le projet permettra aussi d’initier « un travail avec des calligraphes ou des professionnels du livre, éventuellement des artistes pour des petites impressions, à l’aide du système typographique », ajoute M. Gousse. « Le rendu est totalement différent », dit-il en précisant que le procédé permet d’obtenir « un grain particulier pour les dessins, par exemple, qui peut intéresser des artistes ou des calligraphes ». Par ailleurs, nombre de chercheurs sont attachés aux hiéroglyphes entièrement noirs imprimés au plomb, qui se distinguent de ceux, évidés, des publications modernes.

L’Ifao a fait aussi appel à Hossam Saad, l’ancien opérateur de la machine. A 63 ans, sorti de sa retraite pour former de jeunes ouvriers, il se réjouit de leur apprendre « à faire fonctionner des machines qui n’existent nulle part ailleurs ». A l’heure où l’impression offset et le numérique règnent sur le monde de l’édition, la remise en marche, une fois par semaine, de cet atelier typographique fait figure de curiosité au Caire. Mais le directeur de l’Ifao, l’égyptologue Laurent Coulon, voit dans ce projet de remise en marche de la machine à hiéroglyphes et de l’atelier typographique une façon de « conserver toute cette histoire de l’égyptologie qui s’est créée avec l’Institut et avec l’imprimerie ».

Lire et voir : France Info du 18 décembre

 

Jean-Philippe Behr

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