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Bande dessinée et manga : entre dynamique et dynamite…

À l’occasion du Festival d’Angoulême, décalé au 17 au 22 mars, Livres Hebdo dresse un bilan d’un marché de la BD à la santé insolente, largement dopé par le manga. Car si le rayon jeunesse et les romans graphiques tiennent le coup, la BD japonaise a assis en 2021 sa domination sur le secteur. Et bientôt, c’est le webtoon coréen qui pourrait enfoncer le clou. Il faudra alors bien plus que la potion magique d’Astérix pour sauver la BD franco-belge.

Les chiffres sont radieux, mais les sourires un peu moins. Car si le marché de la bande dessinée affiche une croissance phénoménale en 2021, plusieurs problématiques de taille viennent modérer l’enthousiasme. Et la première est matérielle : il s’agit du papier. « La croissance sur le manga est à trois chiffres, et forte aussi sur la BD, c’est hallucinant, reconnaît Jean Paciulli, directeur général de Glénat. Mais nous affrontons une tension sur les matières premières qui ralentit les réimpressions et bouscule les plannings. »

Face à une production croissante qui explose, principalement en manga, les imprimeurs sont surbookés, quand ils ne manquent tout simplement pas de papier ou de carton de couverture. « Il convient de conserver son sang-froid, prévient François Capuron, directeur commercial du groupe Delcourt. Plutôt que d’augmenter systématiquement les tirages, nous tentons de garder des créneaux d’impression. En effet, si on n’anticipe pas suffisamment, le risque est de devoir faire des arbitrages entre un fonds qui cartonne et une nouveauté au potentiel plus incertain… »

Ahmed Agne, cofondateur de Ki-oon, est plus direct : « C’est la guerre ! Nous avons la chance d’avoir la taille qui nous garantit du temps-machine et des quantités de papier chez les imprimeurs, mais les plus petits éditeurs souffrent. » Comme le confirme Moïse Kissous, président du groupe Steinkis, « les petits tirages deviennent plus onéreux et si la situation perdure, nous serons encore plus regardants sur les projets commercialement risqués ». Chez Dargaud, le directeur général Benoît Pollet confesse que la situation entraîne de « profondes réflexions stratégiques », mais tempère : « Cela intervient sur un marché très dynamique ! »

Un nouvel âge d’or du manga

En effet, l’année 2021 a confirmé la croissance de la bande dessinée dans toutes ses facettes. « La légitimation de la BD en tant que livre comme un autre est enfin réalisée, conclut Louis Delas, directeur général de Rue de Sèvres (groupe École des loisirs). La BD jeunesse est devenue un produit d’appel en librairies, ce qui n’était pas le cas voilà dix ans. » Christel Hoolans, directrice générale de Kana et du Lombard, confirme que « c’est bien un large segment jeunesse qui porte le marché ». « Large » car il englobe… les mangas shônen…

Lire la suite : Livres Hebdo du 15/3/22

Pascal Lenoir

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