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Chez Zuber, on imprime le papier peint comme en 1797

Elles sont classées monuments historiques. Des planches de bois gravées à la fin du XVIIIe siècle servent toujours à imprimer le somptueux papier peint Zuber, à Rixheim, en Alsace.

 

Chef d’atelier, Khalid Hebbal, trente ans de maison, a des étoiles dans les yeux lorsqu’il évoque les planches de chez Zuber. Ces œuvres d’art en bois, sculptées dès 1797 afin d’imprimer les papiers peints qui ont fait la renommée de la manufacture, sont classées monuments historiques.

 

Quelque 150 000 d’entre elles sont stockées dans les caves de l’entreprise, à Rixheim (Haut-Rhin). Ces planches servent toujours à reproduire les décors panoramiques signés Zuber, des panneaux de papiers peints qui, mis côte à côte, représentent paysages et scènes de vie.

 

En 1961, l’épouse du président américain Jackie Kennedy avait ainsi commandé pour une salle de réception de la Maison-Blanche un panorama de vues d’Amérique du Nord.

 

Le savoir-faire se transmet ici depuis la fin du XVIIIe siècle. Et Khalid Hebbal et son équipe répètent les mêmes gestes que les artisans qui les ont précédés depuis plus de deux cents ans. Actuellement, ils travaillent sur un décor chinois aux mensurations impressionnantes : constitué de dix lés (bandes de papier peint), il mesure 5,35 m de large et 3,90 m de haut, comprend 57 couleurs et requiert 387 planches, sculptées en 1832.

 

Pour réaliser la fresque, il a fallu composer les teintes. Le coloriste reconstitue la palette d’origine à l’œil, à partir des papiers peints conservés entre ces murs. Une fois cette dernière complète, l’impression peut commencer.

 

Quatre personnes déroulent sur une table des panneaux de papier très résistants à la détrempe, conçus pour Zuber, et y brossent les nuances d’un dégradé qui constituera le fond. Une fois secs, ces lés peuvent recevoir un motif à l’aide des planches et selon un processus complexe.

 

Chacune des planches correspond à un morceau du dessin et à une couleur, qui sont, une à une et dans un ordre déterminé, encrées, calées sur le lé, avant d’être pressées sur le papier. Planche après planche, couleur après couleur, les éléments prennent forme.

 

Cette technique aurait pu disparaître si, en 1985, Gisèle Chalaye n’avait pas repris la maison, alors mal en point. Elle tenait à préserver ce patrimoine. Misant sur l’export et le sur-mesure, elle a sauvé cette société où officient plus de 20 salariés, à Rixheim et dans les magasins de Paris, Londres et New York.

 

Les plus grands architectes d’intérieur font aujourd’hui appel à la manufacture, dont les chefs-d’œuvre ornent les murs du restaurant La Gare, à Paris (XVIe), ou ceux du joaillier Boucheron, place Vendôme (Ier).

 

Lire et voir : Le Parisien du 2 juin

 

Jean-Philippe Behr

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