Limitation d’accès, interdiction des jeux vidéo, couvre-feu digital… La patrie de TikTok a mis à la diète numérique les enfants chinois. La Chine peut-elle être un modèle pour Emmanuel Macron qui veut interdire les réseaux sociaux aux adolescents ?
En Chine, on les appelle les « patrouilles de minuit » d’internet. Armée de la reconnaissance faciale, elles prennent en flagrant délit les ados qui tentent de s’adonner à leur passion dévorante pour Honor of Kings jusqu’au petit matin. Face à l’écran de son smartphone, le joueur doit montrer son visage et le logiciel détecte s’il a des traits « adultes » pour avoir le droit de s’adonner jusqu’à tard dans la nuit au jeu le plus populaire de Tencent, le leader mondial du « gaming » en ligne. Un outil de pointe pour coincer les resquilleurs de moins de 18 ans qui tentent de contourner les restrictions d’accès aux écrans imposés aux mineurs par Pékin, en empruntant le mot de passe de leurs parents.
Dans la patrie de TikTok, les parents peuvent activer le mode « mineur » d’un clic sur les derniers smartphones Huawei ou Xiaomi, depuis avril, verrouillant l’accès aux réseaux sociaux comme aux jeux vidéo appliquant les dernières réglementations de l’Administration du cyberespace, la tour de contrôle de la toile chinoise.
Pékin a brutalement mis à la diète les ados accros de l’écran en limitant l’accès aux contenus à une heure par jour pour les moins de 16 ans et à deux heures pour les moins de 18 ans, selon les dernières règles datant de novembre 2024. Et un « couvre-feu » digital interdisant tout accès en ligne entre 22 heures et 6 heures. Les restrictions sont encore plus drastiques pour les jeux vidéo en ligne, dont l’accès est réduit à une heure par jour, seulement les vendredis, week-end et jour férié, depuis 2021. Et inaccessible la nuit de 20 heures à 8 heures du matin. Avec une ristourne le jour de l’An.
« Ce mode mineur est vraiment puissant, il bloque drastiquement l’accès aux réseaux sociaux WeChat ou Xiaohongshu à ma fille de 13 ans. Avant ces limitations elle avait l’habitude de surfer beaucoup et d’être accro », explique M. Zhang* à Pékin. La messagerie de 1,3 milliard d’utilisateurs de Tencent, « l’Instagram chinois », et les autres plateformes ont dû se plier aux injonctions du régime communiste sous peine de sanctions. Comme Douyin, la version chinoise et originale de TikTok dont l’expansion internationale bouscule les familles de la planète entière…