CCFI

Comment LinkedIn est devenu l’enfer de l’engagement artificiel

Des liens en commentaire au double-clic pour faire sauter le dauphin

 

Comment en est-on arrivé là ? Comment une plateforme, qui se définit elle-même comme « le plus grand réseau social professionnel du monde », peut-elle aujourd’hui proposer des contenus d’une si faible qualité ?

 

Depuis quelques temps, on voit ainsi fleurir toute sorte de stratagèmes pour augmenter artificiellement l’engagement obtenu sur les posts. Et les gens sont créatifs.

 

  • Double-clique pour voir le dauphin sauter : comme sur Instagram, il suffit de double-cliquer sur une image pour l’aimer. Spoiler : le dauphin ne saute pas.
  • Double-clique si tu l’as vu : une variante du même type, qui propose à l’utilisateur d’aimer une photo s’il aperçoit un gorille dissimulé dans une image.
  • Clique sur Bravo si tu cherches un job, sur J’adore si tu recrutes : on a beau chercher, on ne trouve pas de raison de cliquer sur Intéressant.
  • Lien en commentaire : parce que tu comprends, ce serait beaucoup trop facile de te donner directement accès au lien externe.
  • Commente Je suis intéressé pour recevoir ce super contenu : toujours plus loin dans la friction, on troque désormais un commentaire contre un livre blanc.

 

Au delà du contenu, la forme joue également beaucoup. Beaucoup privilégient ainsi une phrase courte, en début de publication, suivie de sauts de ligne, pour obliger l’utilisateur à cliquer sur « Voir plus » et ainsi booster les interactions surveillées par LinkedIn.

 

LinkedIn est devenu un Facebook sans garde-fous

 

Car dans cette dégradation évidente de l’expérience utilisateur, les coupables sont multiples. Sur le banc des accusés, on retrouve LinkedIn et ceux qui publient ce genre de contenu. Ceux qui interagissent sont à la fois des acteurs et des victimes collatérales de ces procédés peu recommandés ; mais heureusement, ils peuvent agir !

L’inefficacité des algorithmes de LinkedIn

 

Les algorithmes du réseau social constituent évidemment une part importante du problème. Si LinkedIn ressemble aujourd’hui au Facebook de 2015, c’est qu’à l’instar de Facebook, « le plus grand réseau social professionnel » ne semble pas réussir à lutter contre ce triste phénomène en mettant en place des algorithmes efficaces. On se souvient que lors de l’arrivée des réactions sur Facebook, de nombreuses publications détournaient leur fonction : des règles avaient alors été établies et la visibilité de ce type de posts a été largement réduit grâce aux évolutions des algorithmes de Facebook.

 

Les auteurs qui regardent des vanity metrics

 

Ceux qui « optimisent » leurs publications pour générer ce type d’engagement sont également en cause. Ils appliquent des techniques pour obtenir de l’engagement sans trop réfléchir. Ils se concentrent sur des vanity metrics comme le taux d’engagement sans regarder l’impact sur leur business. Rappel : obtenir des milliers de J’aime de personnes qui ont vu un gorille, ça n’a jamais rapporté 1 euro.

 

Les pods LinkedIn, le degré ultime de l’engagement artificiel

 

Dans certains cas, ceux qui cherchent de la visibilité vont encore plus loin pour détourner les algorithmes : ils se regroupent et commentent avec frénésie les posts de leurs nouveaux amis, le plus rapidement possible après la publication. Parfois manuellement, parfois automatiquement. Ce phénomène des Pods LinkedIn est un véritable fléau qui tire encore vers le bas la qualité des contenus proposés aux utilisateurs.

 

Les utilisateurs, des victimes qui peuvent réagir

 

Ceux qui réagissent aux publications sont aussi des moteurs qui encouragent ces « growth hackers ». Mais c’est surtout regrettable quand la ficelle est grosse. On pourra ainsi pointer du doigt ceux qui double-cliquent pour faire sauter les dauphins, mais un peu moins ceux qui, attirés par l’intérêt d’un contenu, sont contraints de passer par les commentaires pour y accéder. N’oublions pas que les utilisateurs sont les premières victimes de ces publications. Mais ils peuvent aussi réagir, notamment lorsque quelqu’un « publie un contenu inintéressant pour amplifier sa visibilité ».

 

  • Cliquez sur les 3 points en haut à droite de la publication
  • Cliquez sur Signaler ce post
  • Choisissez Je pense que c’est un faux compte, du spam ou une arnaque
  • Puis l’option Je pense que c’est de la publicité ou du SPAM

 

Et il y a bien-sûr une action à envisager : arrêter de suivre ces personnes qui préfèrent gonfler leur égo avec un fort taux d’engagement plutôt que de penser à l’expérience utilisateur et la plus-value des contenus proposés.

 

Lire : BDM du 27 novembre

 

Jean-Philippe Behr

Nos partenaires

Demande d’adhésion à la CCFI

Archives

Connexion

Vous n'êtes pas connecté.

Demande d’adhésion à la CCFI