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Entreprises et cols blancs face au défi de l’après-11 mai

La reprise progressive de l’activité donnant la priorité à la sécurité sanitaire des salariés contraint à réinventer l’organisation du travail.

Avec le service entreprise.

«J’ai fermé le siège le 16 mars et n’y suis pas retourné depuis.» Pour Nicolas Liabeuf, président d’Unilever France (Magnum, Dove, Amora…), comme pour les quelque 5 millions de cadres, quinze jours le séparent désormais du 11 mai. Ils pourront retrouver – en théorie – les joies de la machine à café et des salles de réunion. En pratique, respecter la sécurité sanitaire des salariés est un casse-tête. «Les salariés aujourd’hui en télétravail ne sont pas revendicatifs, mais inquiets pour leur sécurité et pour la pérennité de leur emploi», souligne Sabrina Kemel, avocat en droit du travail chez FTMS. «L’essentiel pour les entreprises est de rassurer, notamment avec la mise en place d’un plan de sécurité.» C’est un exercice de funambule, car les modalités de l’après-11 mai ne seront connues que mardi, avec des incertitudes sur la garde des enfants ou la fréquence des transports, notamment en région parisienne.

Même si le premier ministre a appelé au maintien du télétravail, beaucoup veulent revenir au bureau (84% selon un sondage de Henoch Consulting): soit parce qu’ils vivent mal la solitude du confinement, soi parce qu’ils touchent du doigt les limites du télétravail en famille. Pour les services RH, la priorité est la sécurité, avec, dans la majorité des cas, le maintien du télétravail, même pour quelques jours le temps de roder les dispositifs de sécurité. Aucune entreprise ne fixe – officiellement – de date cible. Pour respecter la distanciation sociale, 10 à 30% des salariés reviendront sur site. C’est, par exemple, le cas d’Ipsen ou d’Accor.

Travail titanesque

Les DRH sont déjà à pied d’œuvre. Agnès Behar, directrice des ressources humaines de Canon Medical Systems, s’est déplacée avec son mètre au siège de Suresnes pour réfléchir à une nouvelle configuration qui permette de respecter la distanciation sociale. Chez l’opérateur de transport public Transdev, une centaine de personnes sur 600 seront présentes le 11 mai. Ensuite, «ce sera peut-être 30% ou 40%, explique son PDG, Thierry Mallet. Forcément moins de 50%.»

La priorité devrait être donnée à certains profils, comme chez Unilever «où environ 5 % des salariés souffrent d’isolement». «On sent que certains arrivent à saturation et que la qualité du travail va finir par s’en ressentir», glisse-t-on chez l’agrochimiste Syngenta, dont la moitié de 1300 salariés est à la maison. Priorité aussi aux cadres dont la présence est nécessaire. Pour Naval Group, ce sont des managers d’équipes de production ainsi que des ingénieurs et techniciens.

Ce travail de remise en route est parfois titanesque. Un tiers des 12.000 salariés de Nestlé France sont chez eux. Les services RH ont identifié une dizaine de profils: vendeurs des boutiques Nespresso, employés des sièges sociaux, commerciaux, opérateurs logistiques… «Pour chacun, explique-t-on chez Nestlé, nous travaillons à des recommandations pratiques qui permettront de dresser les cadres généraux de retour au travail. Celui-ci sera probablement progressif.»

Lire : Le Figaro du 27/4/20 pages 32 et 33

Pascal Lenoir

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