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La responsabilité numérique des entreprises

Pour réconcilier deux mondes qui, trop souvent encore, s’ignorent : le numérique et la responsabilité sociétale des entreprises (RSE), la Plateforme RSE consacre la notion de responsabilité numérique des entreprises (RNE) qu’elle définit en ces termes :

« La Responsabilité numérique des entreprises est un déploiement nouveau et incontournable de la RSE, qui se fonde sur les mêmes principes de redevabilité, d’éthique et d’échanges avec les parties prenantes des entreprises. À savoir :

– La responsabilité environnementale ;

– La responsabilité réglementaire liée à la protection des données ;

– La responsabilité éthique liée aux logiciels relatifs à l’intelligence artificielle ;

– La responsabilité sociétale relative à la gestion et au partage des données, à la transformation des modes de travail, et à l’inclusion de toutes et tous. »

 

L’IMPACT ENVIRONNEMENTAL du numérique

Le numérique représente une opportunité, mais aussi un risque environnemental lié à la massification des données. Les objets connectés sont emblématiques de cette ambivalence. S’ils permettent une gestion plus économe des ressources naturelles, via les smart grids par exemple, ils consomment aussi énormément d’électricité parce qu’ils nécessitent une connectivité constante pour transférer les données.

La massification des données…

1,7 Mo de données sont produits par personne chaque seconde dans le monde, selon Le Big Data, dont 75 % de données personnelles selon Accenture.

Le nombre d’objets connectés pourrait être multiplié par 48 entre 2010 et 2025 selon GreenIT.fr.

… accroît l’impact environnemental du numérique

Au niveau mondial, le numérique représente entre 2 % et 4 % des émissions de gaz à effet de serre, selon l’Ademe et 4,2 % de la consommation mondiale d’énergie primaire, selon GreenIT.fr. Il génère également des tensions sur l’eau douce et les ressources abiotiques.

De plus, les gains environnementaux obtenus par l’amélioration des technologies sont souvent contrebalancés par un accroissement des usages. C’est « l’effet-rebond ». Pour preuve : les vidéos en ligne qui se multiplient représentent aujourd’hui la cause principale des émissions de GES liées à l’usage du numérique.

L’IMPACT SOCIAL du numérique

L’implémentation du numérique dans l’économie transforme l’organisation du travail et l’accès aux services, notamment publics. « Télétravail », « service en ligne » ou « uberisation » font désormais partie du langage courant. Ces mots témoignent des potentialités du numérique comme des risques attachés : statut des travailleurs des plateformes, respect de la vie privée des personnes et « droit à la déconnexion », exclusion numérique, cybersécurité …

D’ici 2025, les changements dans la division du travail entre humains et machines pourraient aboutir à la création nette de 12 millions d’emplois selon le World Economic Forum.

13 millions de Français étaient exclus du numérique en 2017, selon la Mission Société Numérique.

Les femmes représentent moins d’un quart des salariés dans les métiers du numérique, selon l’Insee.

Les trois piliers de la RNE : données, facteurs environnementaux et facteurs sociaux

Trois piliers de la RNE ont été consacrés par la Plateforme RSE. Il s’agit des enjeux liés aux données, aux facteurs environnementaux et aux facteurs sociaux.

Les enjeux liés à la gestion des données

La protection des données, dont le volume ne cesse de croître, et le respect des droits humains sont deux aspects fondamentaux constitutifs de la RNE.

Le développement des progiciels de gestion intégrée, le cloud computing, les échanges de données informatisées et la sous-traitance de la gestion et du stockage des données appellent plus que jamais des entreprises numériquement responsables.

Les enjeux liés aux impacts environnementaux

Pour mesurer les impacts environnementaux du numérique, il est essentiel de favoriser les analyses multi-facteurs, en mobilisant par exemple quatre indicateurs : les émissions de GES, la consommation d’énergie, les ressources abiotiques et la consommation d’eau.

L’entreprise a une responsabilité sur toute la chaîne de valeur : de la conception du produit à sa fin de vie, en passant par la production et l’utilisation.

Les enjeux liés aux impacts sociaux

Les entreprises ont une responsabilité, aux côtés des pouvoirs publics, en termes de formation, d’éducation et d’information pour que le numérique soit facteur d’inclusion et non d’exclusion, tant auprès de leurs collaborateurs (acculturation et formation aux outils numériques, statut et protection des travailleurs, dialogue social) que des utilisateurs.

Intégrer la RNE tout au long de la CHAÎNE DE VALEUR

Afin d’inclure la RNE au coeur des entreprises, la Plateforme RSE formule 56 recommandations à l’attention des entreprises, des pouvoirs publics, des syndicats de salariés et des acteurs de la formation et de l’éducation.

Sobriété

Mettre les potentialités du numérique au service de la transition écologique, en adoptant la sobriété comme principale stratégie :

  • quantification des impacts,
  • écoconception,
  • durée de vie des produits…

Gouvernance

  • Inclure des indicateurs permettant d’évaluer la RNE dans les déclarations de performances extra-financières,
  • intégrer le numérique dans le dialogue social,
  • généraliser les bonnes pratiques d’utilisation du numérique dans des chartes.

Formation, information

Déployer la RNE

  • dans l’éducation,
  • les formations,
  • l’information,

aux échelles de l’entreprise, nationale et européenne afin de former aux impacts potentiels du numérique sur la vie privée, le droit, l’environnement, et accompagner les TPE et PME.

Inclusion

Mettre en place une stratégie pour un numérique inclusif (conditions et organisation du travail, accès pour tous à internet et aux services numériques…) et favoriser le partage volontaire des données.

CONCLUSION

Parce que l’impact social et environnemental du numérique n’est pas immatériel, les recommandations de la Plateforme RSE visent à faire de la responsabilité numérique des entreprises une composante forte de la RSE, à l’heure où les révisions des textes européens ouvrent une porte à cette reconnaissance.

 

Lire : sur le site de France Stratégie, publié le 18 mai

Télécharger : l’avis – partie I (214 pages)

Télécharger : l’avis – partie II (170 pages)

Télécharger : l’infographie

Jean-Philippe Behr

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