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Les éditions départementales du « Parisien » disparaissent

Cette réorganisation des pages du journal, déjà mise en œuvre à l’occasion de la crise sanitaire, s’accompagne trente suppressions de postes sur 436 journalistes.

 

Vingt-quatre heures après avoir pris connaissance des projets de leur direction, les salariés du Parisien devaient se réunir en assemblée générale semi-virtuelle, mercredi 17 juin à midi, pour les décortiquer ensemble. « La présentation qui nous a été faite est truffée de détails qu’il nous faut maintenant analyser », décrypte Aymeric Renou, journaliste et délégué syndical SNJ.

 

La crainte de voir les éditions départementales – suspendues pendant le confinement – disparaître définitivement dans leur forme originale est désormais une réalité avec laquelle il faut composer. En parallèle, la nouvelle formule éditoriale imaginée par Stéphane Albouy, le directeur des rédactions, mérite un examen approfondi. Car, au-delà du rapprochement des éditions en un cahier unifié baptisé « Le Grand Parisien », et les trente suppressions de postes annoncées (sur 436 cartes de presse, et dans le cadre d’un accord de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences), c’est toute l’organisation du journal, en interne comme aux yeux des lecteurs, qui est appelée à évoluer.

 

La matinée de mardi a été marquée par un CSE extraordinaire de plus de trois heures, au cours duquel le PDG Pierre Louette, la directrice générale Sophie Gourmelen et Stéphane Albouy ont rivalisé de précisions sur la situation économique du journal, les difficultés du secteur et leur ambition de conquérir de nouveaux abonnés numériques. « Quand je suis arrivé il y a deux ans, Le Parisien en comptait 6 000 ou 7 000, justifie Pierre Louette au Monde. Nous en avons aujourd’hui 40 000, et il s’agit d’arriver à 200 000 d’ici à cinq ans. Nous faisons aujourd’hui ce que nos concurrents ont fait il y a cinq ans. »

 

Faisant référence au plan de départs en cours d’élaboration chez Altice, à la liquidation judiciaire dont a fait l’objet Paris Normandie ou encore à l’accord de performance collective soumis aux salariés de L’Equipe, il se félicite : « Nous ne faisons ni un PDV [plan de départs volontaires], ni un plan de sauvegarde de l’emploi, mais proposons des mesures d’âge ».

Vaste mercato interne

 

De nouveaux services et rubriques devraient être créés pour ce nouveau cahier départemental comme pour le tronc commun (afin de dresser des portraits, donner la parole à un panel de « plumes » identifiées, développer des « récits » au long cours) de même que des « verticales » destinées à mettre en avant, sur le Web et dans le journal papier le cas échéant, différentes thématiques : les combats féministes, les préoccupations intimes des couples et des familles, les sciences, l’alimentation, etc.

 

Ces changements donneront lieu à un vaste mercato interne. « On estime la création de nouveaux postes à une trentaine, ce qui devrait occasionner une centaine de mouvements dans la rédaction », se réjouit Stéphane Albouy, qui n’imagine pas devoir recourir à des « mouvements contraints ». « Lorsque nous avons créé les premières “cellules” [investigation, logement, transports], nous avons reçu une soixantaine de candidatures pour huit postes », assure-t-il.

 

« Les promesses de mobilité suscitent des espoirs chez certains, des inquiétudes pour d’autres », constate, de son côté, Aymeric Renou. Les prémices de ces annonces, au début du mois de juin, avaient soulevé une vive émotion parmi les salariés, partagée par nombre d’élus franciliens signataires d’une pétition de soutien. De fait, chaque édition pourrait se séparer d’un ou deux journalistes, tandis que l’information locale se déploierait sur une seule page au cœur du cahier régional – doté d’une « une » départementalisée. Les discussions entre la direction et les élus devraient durer jusqu’à la fin du mois de juillet au moins, et ces décisions devraient être mises en place, après consultation et vote des instances représentatives du personnel, au quatrième trimestre.

 

Lire : Le Monde du 16 juin

 

Jean-Philippe Behr

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