L’État entre au capital de la papeterie Chapelle Darblay à hauteur de 27 millions d’euros pour aider à la reprise de l’entreprise de Grand-Couronne, fermée il y a cinq ans. La CGT salue une victoire, ce samedi 7 juin.
Il ne manquait plus que le feu vert de l’État. C’est fait. Le ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, a signé un papier engageant l’État à entrer au capital à hauteur de 27 millions d’euros du projet de reprise de Chapelle Darblay, la papeterie de Grand-Couronne fermée il y a cinq ans maintenant, mené par Fibre Excellence.
“Une victoire” pour la CGT
L’État s’y est engagé cette semaine, après une nouvelle réunion ce vendredi 6 juin en fin d’après-midi, réunissant, selon nos informations, les repreneurs potentiels et le ministère de l’Industrie à l’Élysée. Ces 27 millions abonderont le capital du projet de reprise de Fibre Excellence. Une somme sollicitée il y a deux ans pour boucler le financement de ce projet de réouverture porté par le groupe canadien et trois anciens salariés du site, soutenus par la Métropole Rouen Normandie, la ville de Grand-Couronne et la CGT.
En plus de ces 27 millions d’euros au capital par des fonds gérés par la BPI (Banque Publique d’Investissement), l’État ajoutera une aide via des subventions à hauteur de 25 millions d’euros, soit 52 millions d’euros de soutien financier au total, “conditionné à levée de fonds privés que doit désormais engager Fibre Excellence”, indique le ministère de l’Économie, dont dépend le portefeuille de Marc Ferracci. “Il s’agit à ce stade d’un projet et la structuration juridique sera à préciser plus tard”, précise Bercy.
“Enfin une victoire !”, salue le syndicat dans un communiqué publié ce samedi. “Cela va enfin permettre de relancer cet outil avec une production de papier pour emballages, avec une chaudière biomasse, une station d’épuration biologique et à terme la création de près de 200 emplois”, se félicitent les représentants syndicaux. “Il aura fallu trois ans de combat, en multipliant jusqu’au dernier jour les démarches, en interpellant le Président de la République en direct à la télévision, pour gagner un soutien financier concret de l’État.”
L’entrée au capital privilégiée par rapport au prêt
Les partenaires avaient effectivement envoyé ce jeudi 22 mai une lettre au ministre de l’Industrie, Marc Ferracci, pour lui rappeler la mobilisation autour de ce projet à 274 millions d’euros “pour créer les conditions nécessaires au redémarrage de l’activité de Chapelle Darblay. Le projet a particulièrement du sens tant du point de vue de la réindustrialisation que de la transition écologique et du développement de l’économie circulaire (capacité de recyclage de 480.000 tonnes dans un rayon de 400 km, agglomération parisienne inclue, outil industriel performant, utilisation massive de la voie fluviale, 180 emplois à minima…). Rappelant également que la Métropole Rouen Normandie a préempté le site il y a trois ans “pour lui redonner un avenir industriel”.
Il y a encore quelques jours, l’option d’un prêt de l’État financé par la BPI, la Banque publique d’investissement, tenait la corde, mais l’idée d’une entrée au capital a finalement été privilégiée, le tout sous forme d’equity. Une solution qui permet d’investir en échange de parts sociales ou d’actions. L’État devient ainsi actionnaire ou associé du projet de reprise.
En décembre 2024, le repreneur Fibre Excellence avait accepté de patienter encore un peu compte tenu de l’instabilité politique en France. Depuis de longs mois, il attendait un engagement concret de l’État, qui a tardé à venir, au grand désarroi des représentants de personnel, qui nous l’ont régulièrement répété à l’antenne d’ICI Normandie.
Contacté, le groupe Fibre Excellence se refuse à tout commentaire à ce stade.