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« L’industrie 4.0 n’est pas une option pour notre économie »

Des projets ambitieux d’usine du futur voient le jour en France. Mais elle reste encore en surface du tissu industriel, écrit Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Economie et des Finances. Or il faut avancer pour rester dans la compétition mondiale.

 

Malgré la progression sensible des investissements industriels, l’industrie française reste sous-équipée en robots. On y recense 154 robots pour 10.000 employés, soit deux fois moins qu’en Allemagne et cinq fois moins qu’en Corée. Certes, des projets ambitieux d’usine du futur voient le jour en France. Mais elle reste encore en surface du tissu industriel. Pour preuve, l’écart entre les 70 % de dirigeants de PME et d’ETI qui affirment que la modernisation de leur outil de production est un enjeu et les 10 % d’entreprises françaises qui ont effectivement intégré une application d’intelligence artificielle, soit deux fois moins qu’aux Etats-Unis.

 

Face aux défis de la croissance, de l’emploi et de la localisation de la production industrielle sur nos territoires, nous n’avons pas le temps d’hésiter car le reste du monde ne nous attend pas.

Hausse de la productivité, baisse des coûts

 

L’industrie 4.0 ouvre une nouvelle ère industrielle. Elle apporte des bénéfices concrets et palpables aux entreprises, à commencer par une nette amélioration de la productivité et une baisse des coûts permettant jusqu’à 30 % de gains de compétitivité. Certaines entreprises, comme JPB System, ont conçu des usines entièrement autonomes, intelligentes et communicantes pour réaliser une production nocturne de masse. La journée, les collaborateurs mettent leur talent au service de productions plus complexes et plus personnalisées.

 

L’usine du futur est aussi une immense machine de production d’un savoir qui crée de la valeur pour les clients : traçabilité, qualité, sécurité, etc. Elle permet de changer de paradigme de production. Il n’est plus nécessaire de produire des grandes séries pour être rentable.

 

Fortes de cette nouvelle agilité, les entreprises industrielles peuvent concevoir rapidement de petites séries pour se positionner sur de petits marchés partout dans le monde et peuvent répondre aux attentes croissantes de personnalisation des produits. Avec l’industrie 4.0, l’usine du futur ouvre littéralement ses portes aux consommateurs. Avec eux, elle teste ses produits, elle les adapte, et cette itération même est le meilleur garant de l’attachement des clients à l’entreprise.

Attractivité française

 

Au-delà de ces bénéfices tangibles, l’usine du futur est une occasion de craquer le code de l’industrie française. Elle nous permet de sortir de l’obsession quasi idéologique du coût du travail – comparaison au terme de laquelle le coût horaire du robot met tout le monde d’accord – pour penser employabilité, fierté, montée en compétences et intérêt du métier.

 

Elle est une voie de sortie dans cette impasse entre le déficit d’attractivité de l’industrie pour les jeunes et le besoin de compétences numériques. Proposons-leur davantage d’usine du futur ! Il y a fort à parier que l’offre de formations se crée à partir de cette attirance réciproque, comme avec le Hall 32, ce centre des métiers de l’industrie du futur qui a récemment vu le jour à Clermont-Ferrand.

 

Enfin, elle constitue un formidable levier de transition de notre industrie vers un appareil de production aux standards les plus récents. Nos machines industrielles ont en moyenne 20 ans, c’est 8 ans de plus qu’en Allemagne ! C’est l’occasion de les remplacer par des machines plus sobres, qui consomment moins d’électricité et produisent moins de rebuts.

 

Les grands groupes n’ont pas le monopole de l’usine du futur. Les ETI et les PME sont un vivier encore largement inexploité d’usines du futur. Tout commence avec une conviction et une volonté managériales. Pour la concrétiser, les dirigeants ne sont pas seuls. Partout en France, il y a des vitrines et des pairs de la French Fab. Partout en France, les PME peuvent avoir recours aux « diagnostics industrie du futur » proposés par les Régions et financés par l’Etat ou à des experts qui peuvent les aider. Sur tout le territoire français, il y a 146 Territoires d’industrie et la possibilité de jouer collectif. Ne laissons pas l’usine du futur devenir le plafond de verre de notre industrie !

 

Agnès Pannier-Runacher

secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Economie et des Finances.

 

Lire : Les Echos du 6 janvier

 

Jean-Philippe Behr

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