Brutalisé par l’érosion des pratiques de lecture, le middle-grade (8-12 ans), terme emprunté aux Anglo-Saxons pour désigner la catégorie pivot entre le junior et l’ado, traverse une zone de turbulence. Pour reconquérir ce lectorat en pleine transition et réinvestir un segment clé de la littérature jeunesse, les éditeurs déploient de nouvelles stratégies. Quitte à bouleverser les codes traditionnels.
Après une croissance inédite, le marché du livre jeunesse, pourtant troisième segment de l’édition en valeur, ralentit. Si le young adult, dopé par la bestsellerisation et le phénomène TikTok, tire le secteur vers le haut, d’autres segments commencent à manquer de souffle. En dépit d’une offre foisonnante, celui du middle-grade, ensemble des publications à destination des 8 à 12 ans, n’y échappe pas.
« C’est une catégorie qui a explosé il y a une quinzaine d’années et qui vit désormais des moments difficiles », confirme Laurence Bareyre, responsable éditoriale chez Michel Lafon Jeunesse. « On pourrait penser que le middle-grade est dynamique parce que les enfants de cet âge-là lisent beaucoup mais, en quatre ans, le segment a connu une baisse de 24 % tous formats confondus », déplore Céline Charvet, directrice éditoriale de Casterman Jeunesse.
Écrans partout, lecture nulle part ?
Et l’année 2024 n’aura pas été celle d’un soubresaut inespéré. D’après nos données GFK, le segment a encaissé une nouvelle perte de vitesse (-2,9 % en volume et -2,1 % en valeur), qui n’épargne ni les nouveautés (-9 % en valeur) ni le fonds récent (-14,5 % en valeur), suscitant l’inquiétude de…