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Paramount renonce à vendre Simon & Schuster à Bertelsmann

Le groupe américain a pris acte de la décision de la justice américaine de bloquer cette méga-acquisition à 2,2 milliards de dollars. De nouveau sur le marché, Simon & Schuster, numéro quatre du marché américain de l’édition, ne va pas manquer de susciter des convoitises, y compris françaises.

L’un des plus beaux actifs du monde littéraire s’apprête à se retrouver de nouveau sur le marché. Le groupe américain Paramount a fait savoir qu’il renonçait définitivement à vendre sa maison d’édition américaine Simon & Schuster (S&S) à sa consoeur et rivale Penguin Random House, propriété du groupe allemand Bertelsmann. « Paramount a résilié le contrat d’achat conformément aux termes en vigueur », a indiqué l’ex-ViacomCBS dans un document déposé auprès de l’autorité américaine des marchés financiers.

Selon les termes de l’accord entre les parties prenantes, Penguin doit lui payer une indemnité de rupture de 200 millions de dollars. Cette annonce de Paramount intervient trois semaines après que la justice américaine a mis son veto sur cette méga-acquisition à 2,2 milliards de dollars, confirmant la décision du département de la Justice qui s’était opposée à ce rapprochement pour des questions concurrentielles.

En cause : l’ensemble consolidé Penguin Random House – S&S représenterait près de la moitié des droits des futurs best-sellers qui pèseraient, eux, pour 70 % du milliard de dollars d’à-valoir versé en moyenne tous les ans aux écrivains, d’après les estimations du gouvernement américain. Un argument qui a fait mouche auprès de la justice. « L’effet peut être de réduire considérablement la concurrence sur le marché des droits d’édition américains sur les livres les plus vendus », a souligné, lors du verdict, la juge Florence Pan.

Pas d’appel de la décision de justice

Résigné, Bertelsmann vient d’indiquer qu’il ne ferait pas appel, tout en rappelant que Penguin, qui est le leader du secteur aux Etats-Unis, « continuera de croître significativement dans les années à venir, par ses opérations et par des acquisitions ». « Le commerce du livre fait partie de l’identité de Bertelsmann depuis 187 ans, et cela ne changera pas », a affirmé son PDG, Thomas Rabe, en précisant viser une croissance de 5 % à 10 % par an pour la maison d’édition.

De son côté, Paramount semble toujours prêt à revendre S&S, le numéro quatre du secteur américain de l’édition qui publie près de 2.000 livres par an et compte à son catalogue des auteurs de best-sellers internationaux comme le romancier Stephen King ou le journaliste Bob Woodward. La firme a en effet souligné que S&S « demeurait un actif non stratégique » possédant toujours une « très forte valeur business ».

Dopée notamment par l’effet TikTok et tout particulièrement l’auteure Colleen Hoover, la maison d’édition américaine a vu, lors du deuxième trimestre, son chiffre d’affaires bondir de 34 % sur un an. Une performance d’autant plus notable qu’elle s’inscrit à rebours du marché de l’édition qui vit une année morne, après un exercice 2021 record. Pour la première fois de son histoire, S&S devrait franchir le cap symbolique du milliard de dollars de revenus en 2022.

Vivendi intéressé par Simon & Schuster

Ce qui n’a pas échappé à d’autres géants du marché de l’édition. Au cours du procès opposant le gouvernement américain à Bertelsmann, le PDG de la maison d’édition américaine HarperCollins (propriété de News Corp, la société de Rupert Murdoch), Brian Murray, avait alors fait savoir qu’il serait intéressé dans le cas où S&S serait de nouveau en vente. Il y a deux ans, HarperCollins avait déjà manifesté son intérêt, avant de voir Penguin Random House rafler la mise.

De son côté, le leader français du secteur et numéro trois mondial, Hachette – éconduit également en 2020 à l’instar du tricolore Editis -, ne cache pas non plus ses velléités d’achat. « Si S&S était remis en vente par Paramount, nous serions bien sûr intéressés », a déclaré, fin octobre, Arnaud Lagardère, dont le groupe, ayant notamment Hachette pour actif, est désormais propriété de Vivendi, la branche média de la famille Bolloré.

« Nous savons que Vivendi est avec nous quoi qu’il arrive », avait-il assuré, tandis que le groupe contrôlé par la famille Bolloré cherche ​actuellement à se défaire d’Editis afin de contenter l’antitrust bruxellois. Les pages du grand roman du business de l’édition pourraient vite se garnir de nouvelles histoires.

 

Lire : Les Echos du 22 novembre

 

Jean-Philippe Behr

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