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Reprise d’Editis : Vivendi fixe à vendredi la date limite de remise des offres

La filiale médias de la famille Bolloré demanderait une valorisation de sa filiale édition autour de 700 millions d’euros, y compris 200 millions de dette. L’opération est compliquée par l’examen de Bruxelles.

Bientôt un nouveau propriétaire pour Editis, le numéro deux du marché français de l’édition derrière Hachette ? Selon nos informations, Vivendi a fixé à ce vendredi une date limite pour le dépôt de propositions de rachats pour la firme possédant les maisons d’édition Julliard, Plon ou encore Robert Laffont.

Le groupe contrôlé par la famille Bolloré est dans l’obligation de s’en défaire depuis son OPA menée à bien sûr le groupe Lagardère qui possède Hachette ; un groupe unifié avec Editis n’aurait eu aucune chance de franchir l’étape de l’antitrust à Bruxelles car trop imposant à l’échelle du marché tricolore .

Selon nos informations, le prix demandé par Vivendi pour 100 % d’Editis tournerait autour de 700 millions d’euros de valeur d’entreprise (dont 500 millions de valeurs de capital et 200 millions de dettes). Il y a quatre ans, le groupe de la famille Bolloré avait mis la main sur le numéro deux du marché français sur la base d’une valeur d’entreprise comprise entre 850 et 900 millions , ce qui incluait, déjà, 200 millions de dettes. Vivendi n’a pas souhaité faire de commentaires.

Contexte moins porteur

Le contexte est moins porteur sur le marché du livre qu’après une année 2021 historique pour le secteur . En 2021, Editis avait dégagé un revenu de 856 millions d’euros, soit un bond de 18,1 % sur un an. Mais sur les neuf premiers mois de l’année 2022, il accuse un recul de 7,4 % – tout en demeurant en croissance de près de 15 % par rapport à 2019. Une décroissance plus prononcée que le marché français puisque celle-ci s’établit globalement à -3,7 % entre janvier et fin septembre, selon GfK Market Intelligence France.

Certains notent que l’excédent brut d’exploitation (EBITDA) d’Editis tourne autour de 50 millions d’euros et son cash flow réel autour de 35 millions, rendant un prix de 500 millions déjà élevé.

Concernant le schéma de vente, toutes les options resteraient sur la table. Comme annoncé cet été, le groupe privilégierait toujours une opération de distribution d’Editis aux actionnaires de Vivendi suivie d’une cotation en Bourse avec la cession immédiate d’un bloc de 29,5 % d’Editis revenant à Groupe Bolloré, actionnaire à cette hauteur de Vivendi. Mais Vivendi serait également prêt à vendre directement 100 % du capital d’Editis s’il juge le prix offert suffisamment élevé.

Bruxelles aux aguets

L’opération est d’autant plus complexe qu’elle est examinée par les autorités antitrust de la Commission européenne, qui doivent valider le rachat de Lagardère par Vivendi. En substance, Bruxelles ne veut pas que Vivendi choisisse un acheteur qui fragiliserait Editis face à Hachette, le numéro un en France.

De son côté, le groupe de Vincent Bolloré, même s’il veut aller vite pour intégrer Hachette, a tout intérêt à ce que ce ne soit pas un acteur de l’édition trop puissant qui reprenne Editis afin qu’Hachette ne se retrouve pas avec un rival trop féroce sur le marché français. Difficile dans ces conditions pour des acheteurs potentiels de s’associer avec des professionnels de l’édition pour déposer une offre élevée car permettant de dégager des synergies.

Une vente de 100 % d’Editis aurait cependant les faveurs de la Commission européenne selon plusieurs sources. « Bruxelles ne souhaite pas que ce montage de distribution cotation crée un précédent. Sans compter que cela risque de décourager des repreneurs s’inquiétant de n’avoir la main que sur 29,5 % du capital », fait valoir un bon connaisseur de l’industrie du livre. « Le scénario qui a la préférence de Bruxelles serait la reprise à 100 % d’Editis par un industriel du livre non français et d’envergure européenne ».

Beaucoup de noms circulent

De nombreux noms de repreneurs déjà intéressés par des actifs de médias comme M6 circulent, le plus souvent sans confirmation. Daniel Kretinsky est très souvent cité. De même que Marc Ladreit de Lacharrière. Le quotidien « Le Monde » mentionnait récemment l’éditeur suédois Bonnier, l’italien Mondadori ou l’allemand Bertelsmann.

« Daniel Kretinsky (CMI) et Marc Ladreit de Lacharrière (Fimalac) ont une vraie motivation pour mettre la main sur Editis. Pour leurs groupes, cela s’inscrirait dans une cohérence stratégique. Pour CMI, cela lui permettrait d’élargir ses activités presse (« Elle », « Marianne », etc.), en France et pour Fimalac, il pourrait y avoir un rapprochement intelligent à imaginer avec Webedia pour créer un poids lourd français des contenus », note le banquier conseil Jean-Clément Texier (Compagnie Financière de Communication), fin connaisseur des médias. « Ce sont deux groupes qui ont plutôt tendance à acheter à la baisse et à ne pas surpayer. Mais Editis est une belle affaire et une occasion rare, d’autant plus que Vincent Bolloré a tout intérêt à aller vite dans ce dossier ».

 

Lire : Les Echos du 17 novembre

 

Jean-Philippe Behr

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