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Presstalis placé en redressement judiciaire, ses filiales régionales liquidées

La décision du tribunal de commerce était attendue. Elle prend acte du fait que les antennes régionales et leurs 512 salariés sont exclus du plan de sauvetage proposé par les seuls quotidiens, faute d’accord avec les magazines.

Accablé de dettes, le premier distributeur de la presse française, qui traverse sa troisième crise majeure en dix ans, évite la fermeture mais ses filiales en régions sont sur la sellette. Le tribunal de commerce de Paris a placé vendredi 15 mai Presstalis en redressement judiciaire avec poursuite d’activité, liquidant cependant ses filiales en régions qui emploient plus de 500 salariés, a annoncé la direction du groupe dans un communiqué.

Lire : Le Monde du 15 mai

« Le tribunal de commerce de Paris s’est prononcé ce jour et a décidé de placer en redressement judiciaire Presstalis (…), avec une période d’observation de deux mois. Il a, par ailleurs, prononcé la liquidation sans poursuite d’activité des sociétés SAD et Soprocom », des filiales, a indiqué la direction de Presstalis.

Après des semaines de discussions, les quotidiens et les magazines n’ont pas réussi à s’accorder sur une reprise commune de Presstalis. Finalement, les quotidiens ont donc décidé, seuls, de proposer un plan de sauvetage au tribunal de commerce, mardi 12 mai, à 10 heures.

« Inacceptable »

Emmenés par Louis Dreyfus, président de la Coopérative de distribution des quotidiens (CDQ) et du directoire du Monde, les quotidiens français, parmi lesquels Les Echos, Le Figaro, et L’Equipe, ont proposé de reprendre 265 des 910 salariés que compte Presstalis. Dans le détail, 120 des 209 postes du siège, et 150 des 193 postes de la plate-forme de Bobigny, qui gère la distribution des quotidiens, seraient préservés. En revanche, aucun des dépositaires de province ne serait repris, un élément acté par le tribunal de commerce, qui a prononcé la liquidation des filiales en régions.

Le tribunal de commerce n’a pas retenu la demande de report déposée in extremis, jeudi soir, par le Syndicat général du Livre et de la communication écrite CGT (SGLCE-CGT), qui comptait sur une nouvelle offre des magazines pour sauver les dépôts régionaux.

« Si les éditeurs et l’Etat ne prennent pas leurs responsabilités pour sauver le système de distribution de la presse, 512 emplois seraient détruits et autant de salariés seraient jetés au chômage ! C’est inacceptable », estimait, jeudi, le SGLCE-CGT, à l’initiative du mouvement social lancé depuis lundi chez des dépositaires et imprimeries, bloquant la distribution des journaux nationaux et de certains magazines dans plusieurs régions, de Marseille à Nancy en passant par Lyon.

Dans ce secteur déjà en difficulté, les prochaines semaines devraient être mouvementées. La proposition des quotidiens « doit encore faire l’objet de discussions dans les prochains jours afin d’être complétée », précise Presstalis. Elle pourrait être « améliorée par la participation de certains éditeurs de magazines ». Les flux des magazines seraient en effet essentiels à la viabilité d’une nouvelle structure, dans un contexte de moindre distribution des quotidiens.

Des filiales cédées à la découpe

« L’objectif est de bâtir une messagerie capable de répondre aux enjeux de la filière au cours des prochaines années et de préparer une refonte complète du système », poursuit Presstalis. Les filiales de Presstalis devraient ainsi être cédées à la découpe, avec le risque de nombreux licenciements à la clé. L’idée serait de continuer à diminuer le nombre de dépôts sur le territoire : ils étaient moins de 700 en 1995, 61 début 2019. Et de réattribuer ces zones de distribution « à des dépositaires indépendants ou des nouveaux entrants », qui privilégieraient la reprise des anciens salariés, a indiqué mardi Cédric Dugardin, président de Presstalis.

L’Etat encadre les discussions et porte à bout de bras le distributeur de presse, qui traverse sa troisième crise majeure en dix ans. Un décret a officialisé mercredi un prêt de 35 millions d’euros supplémentaires, au titre du programme du Fonds de développement économique et social (FDES).

Du côté des marchands de journaux, cette crise s’ajoute aux conséquences du mouvement des « gilets jaunes » et à un long confinement pour cause de coronavirus. « Nous avons besoin d’une solution rapide et pragmatique, qui permette un rétablissement normal de la distribution », avait lancé jeudi Daniel Panetto, un de leurs représentants, dans une lettre à ses confrères. Il en a également appelé « aux pouvoirs publics pour bénéficier d’un soutien fort, car les 22 000 marchands sont à nouveau menacés et poussés dans une situation précaire », à l’heure où l’on ignore encore si les lecteurs déconfinés retrouveront le chemin des kiosques.

Pascal Lenoir

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