CCFI

Tensions sociales dans la distribution de la presse

La coopérative des magazines et celle des quotidiens, toutes deux actionnaires de Presstalis, ne parviennent pas à s’entendre sur un plan de sauvetage du principal distributeur de la presse en France. Le tribunal de Commerce examine ce vendredi une proposition de continuation. Elle prévoit des coupes d’effectifs importantes.

 

Les tensions sociales s’accroissent dans le secteur de la distribution de la presse, alors que la coopérative en charge des quotidiens et celle des magazines, toutes deux actionnaires de Presstalis, n’ont pas réussi à s’entendre sur un plan de sauvetage de leur société que l’Etat pourrait accepter de financer.

 

Le conflit pourrait s’enliser avec le risque que la presse ne soit pas distribuée en pleine phase de déconfinement du pays sur une bonne partie du territoire, Presstalis étant le premier distributeur de magazines et journaux auprès des quelque 22.000 points de vente français (kiosques, marchands de journaux…).

 

La distribution des journaux nationaux, dont « Les Echos », et de certains magazines a déjà été bloquée pour la deuxième journée d’affilée ce mercredi dans une partie de la France. Les journaux nationaux n’étant pas distribués à Paris, Lyon ou Marseille, selon les bureaux de l’AFP.

Paris-Province

 

Professionnels et observateurs ont bon espoir que la situation se débloque à Paris, une zone moins touchée par les possibles restructurations actuellement envisagées. Mais c’est une autre histoire en province, notamment à Marseille et Lyon.

 

« Nous pourrions assister à des manœuvres jusqu’au-boutistes de la part des équipes du Syndicat CGT du Livre dans les dépôts régionaux à l’approche de l’échéance de vendredi et dans le but que les éditeurs et surtout l’Etat ouvrent leur portefeuille, explique Jean-Clément Texier, spécialiste de ces sujets. Voire à des attitudes de ‘desperados’ si la liquidation de ce qu’on appelle le ‘niveau 2’ de la distribution de la presse en France, c’est-à-dire les dépôts régionaux, était confirmée. »

 

Mercredi après-midi, certains craignaient que le mouvement social bloque aussi les imprimeries de la presse quotidienne régionale pour faire encore davantage pression.

L’échéance de vendredi est le feu vert que devrait donner le Tribunal de Commerce de Paris à l’examen pendant une période de quatre semaines du seul plan déposé pour que Presstalis, qui est en dépôt de bilan depuis le 20 avril , poursuive ses opérations. Ce projet, déposé par les quotidiens (27 % des parts de Presstalis, contre 73 % pour les magazines), prévoit un redressement judiciaire pour la partie centrale de Presstalis mais la liquidation des dépôts.

 

Il propose ainsi la reprise d’une centaine des 209 postes du siège parisien, et 125 des 193 postes de la plateforme de Bobigny, qui gère la distribution des quotidiens. Mais pas de reprise des équipes des filiales SAD et Soprocom, qui comptent plus de 500 salariés et desservent près de 10.000 points de vente de presse en France.

Enjeux politiques

 

Les magazines avaient proposé un autre plan qui prévoyait un rapprochement avec les MLP (Messageries lyonnaises de presse), le grand concurrent de Presstalis. Le plan engageait aussi des coupes dans les effectifs. Sur ce dossier, les magazines avancent en ordre plus dispersé, avec notamment Prisma (« Femmes Actuelles », « Voici » …), qui représente un chiffre d’affaires très important pour Presstalis, et Reworld (« Marie France », « Grazia » …), tous deux peu enclins à faire à nouveau des efforts pour soutenir leur distributeur.

 

Afin que le plan des quotidiens fonctionne, il leur faut en tout cas convaincre certains des magazines de la coopérative d’y adhérer pour que le volume d’affaires soit suffisant. L’Etat, qui a englouti des centaines de millions dans Presstalis, a, lui, déjà débloqué une enveloppe de trésorerie de 35 millions pour la période d’observation. Le plan de restructuration lui coûterait 80 millions en plus (financement du besoin en fonds de roulement et licenciements).

 

Alors que les discussions sont encore mouvantes, elles dépassent les enjeux de filière et sont devenues très politiques. « Je n’imagine pas que l’Etat laisse s’écrouler le réseau des marchands de journaux privés de papier, notamment si les municipales ont lieu en juin, et le syndicat CGT du Livre, qui comprend qu’il vit les derniers moments d’un système d’avantages acquis importants, le sait bien », dit Jean-Clément Texier.

 

Lire : Les Echos du 13 mai

 

Jean-Philippe Behr

Nos partenaires

Demande d’adhésion à la CCFI

Archives

Connexion

Vous n'êtes pas connecté.

Demande d’adhésion à la CCFI