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Prisma repasse à l’offensive

Alors que plus de 170 journalistes ont profité de la clause de cession pour quitter le navire et qu’environ 75 autres l’ont rejoint depuis juin 2021, le groupe de presse magazine contrôlé par Vivendi prévoit plusieurs lancements en 2023, dont une version française de « Harper’s Bazaar ».

L’atmosphère a changé chez Prisma. « Quand je descends à la cantine, j’ai l’impression d’être sur un campus universitaire, il n’y a plus que des jeunes, tous les vieux sont partis », commente un salarié. Un an et demi après son rachat par Vivendi, en mai 2021, le premier groupe de presse magazine français (« Capital », « Géo », « Gala », « Télé-Loisirs », etc.) se transforme, renouvelant à la fois ses équipes et son offre éditoriale. « Une nouvelle dynamique pour ouvrir une nouvelle page », résume Claire Léost, la patronne de Prisma Media.

Ouverte pendant dix-sept mois, jusqu’au 31 octobre, la clause de cession a été activée par plus de 170 journalistes, sur les quelque 400 en CDI que comptait Prisma en mai, selon la direction. Dans ce groupe qui n’avait jamais connu de plan social depuis sa création en 1978, l’opportunité a séduit les plus proches de la retraite et certains qui ne souhaitaient pas travailler pour un titre de presse d’un groupe contrôlé par un Vincent Bolloré prêt à peser sur la ligne éditoriale des médias qu’il contrôle.

Dans le même temps, « on a embauché 150 personnes depuis le 1er juin 2021, dont la moitié sont journalistes », fait valoir Claire Léost, avec des profils « plus jeunes, plus digitaux, avec des compétences sur les réseaux sociaux ». D’autres recrutements sont à prévoir dans les rédactions les plus dépeuplées, comme « Capital », dont certains anciens viennent de lancer un média concurrent : L’Informé.

Prisma Media prévoit plusieurs lancements en 2023. « La presse est un marché d’offre, il faut faire des nouvelles propositions aux lecteurs, sinon on va accélérer le déclin », parie Claire Léost. Audacieux quand le prix du papier flambe. « Même un leader ne peut se retirer dans son splendide isolement, on doit constamment repartir à l’offensive », abonde Jean-Clément Texier, banquier d’affaires et fin connaisseur de l’industrie de la presse.

Sur 2021-2022, les performances des titres de Prisma sont disparates en matière de diffusion. Si « Cuisine actuelle », « Télé 2 semaines » et « Télé-Loisirs » cartonnent (respectivement +23 %, +10 % et +3,7 %), « Capital » plonge à -12,5 %, selon l’Alliance pour les chiffres de la presse et des médias. Il fallait donc agir.

Trois lancements à venir

Prisma Media lancera ainsi en mars la déclinaison française d’« Harper’s Bazaar », un mensuel haut de gamme sur le style et la mode, dont il a acquis la licence. « On mettra en place 100.000 exemplaires pour le no 1, on espère en vendre au moins 50.000 », confie Claire Léost, qui se garde de dévoiler le prix de vente en kiosque. Avec cette initiative, Prisma s’invite sur le segment du luxe, dont le groupe était absent et où les budgets des annonceurs restent en croissance, remarque la dirigeante.

Le groupe compte aussi lancer deux bimestriels au premier trimestre 2023 : le premier dans la presse jeunesse – là aussi par la reprise d’une licence -, le second sur le développement personnel. En juin, Prisma Media avait chipé à Reworld Media la licence de « Dr Good », le magazine du médecin et animateur télé Michel Cymes, dont le succès ne se dément pas. Claire Léost développe également les synergies avec d’autres sociétés de Vivendi, dont Canal+ (magazine des abonnés de la chaîne cryptée fait par « Gala », abonnements croisés, etc.). Très actif également dans les contenus vidéo, Prisma utilise aussi le player de Dailymotion pour les monétiser.

Dans un contexte économique difficile, Prisma Media devrait rester rentable. En 2021, le groupe affichait un Ebitda de 30 millions d’euros pour 309 millions d’euros de chiffres d’affaires, soit une rentabilité d’environ 10 %.

« Notre objectif est de faire à peu près la même chose cette année malgré les turbulences », dit Claire Léost, soulignant l’aide apportée par « le digital, très puissant chez nous, qui continue à progresser ». L’inflation devrait toutefois continuer à peser en 2023.

 

Lire : Les Echos du 29 octobre

 

Jean-Philippe Behr

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