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Rachat de « La Provence » : Xavier Niel peut s’opposer à Rodolphe Saadé

La cour d’appel d’Aix-en-Provence a rétabli le droit de veto de Xavier Niel lui permettant de s’opposer à un candidat au rachat des 89 % du Groupe Bernard Tapie dans le groupe de presse régionale, dont il est actionnaire.

Le bras de fer entre Xavier Niel, le fondateur d’Iliad-Free et Rodolphe Saadé, le patron de CMA CGM, pour le contrôle du groupe « La Provence » connaît un nouveau rebondissement. Jeudi, Xavier Niel, actionnaire à 11 % du groupe – qui comprend aussi « Corse Matin » -, a remporté une manche importante avec le rétablissement par la Cour d’appel d’Aix-en-Provence de son droit de veto lui permettant de s’opposer à tout potentiel acquéreur des 89 % du Groupe Bernard Tapie (GBT) dans le quotidien régional.

En janvier, le tribunal de commerce de Marseille avait suspendu ce droit de veto estimant qu’il constituait un « trouble manifestement illicite » dans le processus de liquidation judiciaire de GBT. Mais la Cour d’appel a jugé « hypothétique » cet « état de trouble ». Le dommage qui en résulterait « ne peut être considéré comme imminent », indique la décision de justice.

Celle-ci reconnaît toutefois un conflit d’intérêts pour Avenir Développement, structure de Xavier Niel, candidate au rachat des parts sociales de GBT, et qui a donc « intérêt à évincer tout autre potentiel acquéreur »…

Forte baisse des revenus

L’affaire n’est cependant pas terminée car les parties peuvent encore contester l’application de ce droit de veto. « Les liquidateurs ou les salariés pourront se défendre s’ils constatent qu’un refus de Xavier Niel (sur l’offre de Rodolphe Saadé, NDRL) n’est pas motivé par l’intérêt de l’entreprise », estime Catherine Szwarc, avocate de trois CSE du groupe.

Un conseil d’administration devrait se prononcer mi-avril sur l’offre à 81 millions de Rodolphe Saadé, contre une vingtaine de millions pour le patron d’Iliad-Free.

Le projet du patron marseillais de la CMA CGM pour lequel 6 CSE se sont prononcés favorablement, anticipe un lourd investissement, entre 47 et 55 millions pour redresser le titre d’ici 2026. Il prévoit notamment le développement de l’audience et de la publicité numérique. Il compte par ailleurs conserver l’imprimerie marseillaise, en difficulté et l’implanter sur un nouveau site.

Une lourde tâche attend le repreneur. Le chiffre d’affaires de « La Provence » a chuté à 49,5 millions d’euros en 2020, contre 62 millions l’année précédente. Son endettement est passé 7,9 millions en 2018 à 14,7 millions en 2020. En cause : l’effondrement de plus de 10 % des abonnés papier et de la publicité.

Malgré la diminution des frais de personnels de près de 4 millions pendant cette période, le résultat net comptable s’établissait à -9,3 millions en 2020. L’entreprise ne doit son salut qu’à ses actifs immobiliers, évalués 35 millions. Le cabinet d’étude Secafi, qui a mené l’étude comptable, a valorisé le titre entre 60 et 65 millions.

 

Lire : Les Echos du 7 avril

 

Jean-Philippe Behr

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