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Reworld veut être consolidateur de l’industrie des médias

Le groupe de presse magazine annonce qu’il faudra compter sur lui pour toute acquisition dans le secteur des médias en général. Il vient de publier des chiffres 2021 appréciés par les investisseurs.

« Pas de gros deal dans les médias français sans que Reworld Media [propriétaire de ‘Top Santé’, ‘Grazia’, ‘Science et Vie’…] ne soit partie prenante. » C’est un Pascal Chevalier confiant et offensif qui vient de présenter les comptes 2021 de l’entreprise qu’il préside. « Nous avons une forte capacité d’acquisitions avec des cibles pouvant atteindre 200 millions d’euros et le secteur continue à bouger beaucoup », a-t-il précisé, en mentionnant en passant Webedia, la filiale de Fimalac qui cherche potentiellement à se vendre . Le groupe s’intéresse à beaucoup de secteurs, y compris l’édition et la télévision (il était sur les rangs pour reprendre les chaînes revendues par TF1 et M6).

Depuis le rachat – qualifié d’ambitieux à l’époque – de Mondadori France (« Grazia », « Science et Vie », « Top Santé », « Télé Star ») en 2019, Reworld, qui s’était d’abord fait remarquer en reprenant des magazines d’Axel Springer (« Télé Magazine », « Vie Pratique »…) ou encore à Lagardère (« Auto Moto », « Be », « Maison & Travaux »…), a changé de dimension .

Son chiffre d’affaires a atteint 470 millions d’euros l’an dernier et dégagé 42 millions de résultat net (avant écart d’acquisition). Rien qu’en France, il génère plus de 350 millions de revenus, contre 309 millions, la filiale magazine (« Capital », « Gala », « Voici »…) de Vivendi. Signe qu’il s’installe solidement, le groupe, qui a longtemps bénéficié de reports déficitaires, paye désormais des impôts.

800 journalistes

Reworld n’en reste pas moins très controversé auprès de la profession journalistique. Le groupe est régulièrement pointé du doigt pour des pratiques, potentiellement condamnables d’un point de vue déontologique, qui mélangent contenus journalistiques et publicitaires. N’appréciant pas les méthodes de leur nouveau propriétaire, les journalistes de « Sciences et Vie » sont partis pour créer le concurrent « Epsiloon » .

Il y a quelques mois, Reworld a même été implicitement visé lorsque la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot, a lancé une mission de réflexion sur les aides à la presse. Cependant, le groupe se dit aujourd’hui droit dans ses bottes. Il revendique 800 journalistes à travers ses 62 marques médias et estime qu’il n’a pas à être ostracisé pour les aides au secteur. De fait, il ne s’est pour l’heure rien passé pour lui à la suite de cette mission.

En tout cas, ses performances de l’an dernier ont séduit les analystes. Son activité se divise en deux parties à peu près équivalentes : le B to C, c’est-à-dire la vente ou les abonnements à ses titres, surtout magazines, payés par les lecteurs, en croissance modeste de 2 % à 257 millions, et le B to B, c’est-à-dire la vente d’espaces publicitaires aux annonceurs, en hausse beaucoup plus soutenue de 24 %, à 213 millions.

Un beau parcours en Bourse

Sur ce segment, le groupe s’appuie sur la technologie du suédois Tradedoubler, dont il détient 51 % depuis l’OPA de 2018, et sur les technologies qu’il a développées lui-même. La publicité est placée dans ses titres maison mais aussi sur 180.000 sites affiliés à travers l’Europe pour toucher les audiences requises.

En Bourse, après un beau parcours depuis début mars, Reworld pèse 416 millions d’euros. S’il n’a pas l’intention d’aller introduire son entreprise sur une autre Bourse, Pascal Chevalier ne manque pas de remarquer que, de l’autre côté de la Manche, la société Future Plc, regroupant aussi des marques de presse relancées par le numérique dans une stratégie de monétisation tous azimuts, est valorisée 3,3 milliards de livres…

 

Lire : Les Echos du 30 mars

 

Jean-Philippe Behr

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