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SCOR va renflouer l’éditeur des livres PUF et Belin

Premier actionnaire de l’éditeur Humensis, le groupe de réassurance présidé par Denis Kessler va convertir 8 millions de créances en capital pour restaurer la solvabilité de l’éditeur des ouvrages PUF, Belin et des Editions de L’Observatoire. L’assemblée générale de décembre va aussi valider une nouvelle gouvernance.

Pour le réassureur SCOR, l’heure n’est pas venue de vendre Humensis, la maison d’édition des manuels scolaires Belin, des « Que sais-je ? » et des mémoires de Nicolas Sarkozy. « Nous démentons les rumeurs de cession et n’avons engagé aucune négociation avec Fimalac ou d’autres parties », déclare aux « Echos » François de Varenne, membre du comité exécutif de SCOR chargé des investissements, à la suite d’un article de « La Lettre A » évoquant cette hypothèse. « Notre investissement a une valeur stratégique à l’heure où le monde de l’édition se prépare à une recomposition totale ces deux-trois prochaines années, avec la cession annoncée d’Editis [par Vivendi, NDLR]. »

Même si le secteur est en pleine consolidation, l’urgence pour Humensis est plutôt au rétablissement de ses comptes. La société a été fondée en 2016, après le rachat de Belin et des Presses Universitaires de France (PUF) par SCOR. Un investissement de prestige, réalisé sous l’impulsion de Denis Kessler, alors PDG de ce spécialiste de l’assurance des assureurs.

Echéance fin 2022

Le conseil d’administration d’Humensis a acté jeudi dernier le principe d’une augmentation de capital, après 4,2 millions d’euros de pertes en 2021, qui ont entraîné un déficit de fonds propres de 600.000 euros. « Nous allons apporter 8 millions d’euros, en incorporant l’intégralité des avances pour compte courant d’associé de SCOR dans les fonds propres », annonce François de Varenne.

SCOR, lui-même en perte cette année, ne va pas apporter d’argent frais mais convertir en capital les liquidités mises à disposition d’Humensis, qui devaient être remboursées avant fin 2022. Actionnaire à 90 %, le réassureur s’engage à souscrire l’intégralité de l’augmentation de capital de 8 millions d’euros si les minoritaires (dont Flammarion et Covéa) ne suivent pas. L’assureur Covéa ne fait pas de commentaires. « L’augmentation de capital sera réalisée le 23 décembre, après avoir été votée lors d’une assemblée générale [AG] prévue début décembre », précise François de Varenne.

Nouvelle gouvernance

L’AG devra aussi valider un changement de gouvernance. « Le conseil d’administration d’Humensis propose à l’unanimité le passage d’une structure à conseil d’administration et direction générale à une structure à directoire et conseil de surveillance, indique le porte-parole de SCOR. Les membres du directoire seront choisis en interne par le conseil de surveillance. » En revanche, selon une autre source, l’avenir de Frédéric Mériot, le directeur général d’Humensis, est en suspens.

La future organisation doit permettre « une plus forte collégialité entre les pôles d’édition » – PUF, éducation et formation (Belin…), littérature générale ( L’Observatoire …). Humensis restant très dépendant des renouvellements de manuels liés aux réformes scolaires, le chiffre d’affaires a reculé de 52 millions d’euros en 2019 à 41 millions l’an dernier.

11 millions d’euros de pertes

Les pertes cumulées atteignent 11 millions d’euros en six ans. « Il ne s’agit pas de pertes mais d’investissements dans la construction de franchises, comme nous l’avons fait en créant l’éditeur Passés composés ou le magazine ‘Pour l’Eco’ », estime François de Varenne. Humensis ne fait pas de commentaires.

Majoritaire en voix à l’AG, SCOR détient la moitié des six sièges du conseil d’administration d’Humensis, où la voix du président Jean-Claude Seys, quatre-vingt-quatre ans, est prépondérante. Fondateur de Covéa (MAAF, MMA, GMF), ce dernier avait joué les médiateurs lors de la guerre ouverte entre Denis Kessler et Thierry Derez, l’actuel patron de Covéa, lorsque le premier s’est opposé à la tentative de prise de contrôle de SCOR par le second. Parmi les administrateurs d’Humensis figurent aussi Alain Flammarion et le philosophe André Comte-Sponville.

Selon plusieurs sources, l’avenir d’Humensis n’a pas été discuté au conseil d’administration de SCOR, présidé par Denis Kessler. Etant valorisée moins de 50 millions d’euros, cette participation est gérée par le comité exécutif du réassureur.

 

Lire : Les Echos du 22 novembre

 

Jean-Philippe Behr

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