CCFI

Xerox abandonne son OPA hostile sur HP

La crise sanitaire a eu raison des velléités de rachat du géant des photocopieurs, qui cherchait depuis cinq mois à mettre la main sur le constructeur informatique. Xerox, dont la capitalisation boursière a fondu, se recentre sur la gestion de la crise.

 

Le virus vient d’interrompre un jeu de chat et de la souris qui durait depuis cinq mois. Au terme de longues tractations et en pleine épidémie du Covid-19, Xerox a finalement mis un terme à son OPA hostile sur son compatriote HP. Les circonstances compliquent grandement sa campagne auprès des actionnaires de sa cible et obligent le fabricant de photocopieurs à se recentrer sur la gestion de la crise sanitaire.

 

« La crise sanitaire mondiale actuelle et la tourmente macroéconomique et financière causée par le Covid-19 ont créé un environnement qui n’est pas propice » à la campagne pour acquérir HP, a justifié le groupe dans un communiqué. « Même si c’est décevant, nous faisons passer en priorité la santé, la sécurité et le bien-être de nos employés, clients et autres partenaires. »

 

La firme de la côte Est comptait sur l’assemblée générale des actionnaires de HP, fixée au 12 mai, pour faire élire ses représentants au conseil d’administration et forcer enfin Enrique Lores, le PDG du géant des imprimantes et des PC, à s’asseoir à la table des négociations. Le dirigeant s’est montré depuis novembre hermétique aux offres successives de Xerox, dont la dernière s’élevait à 35 milliards de dollars (24,80 dollars par action, dont 18,40 en numéraire et le solde en actions Xerox).

Xerox a perdu la moitié de sa valeur en Bourse

 

L’épidémie de Covid-19, qui pourrait causer la mort de 100.000 à 240.000 personnes outre-Atlantique selon les experts américains, a donc coupé court à la campagne de séduction des investisseurs : impossible de multiplier les tête-à-tête dans un contexte où les mesures de distanciation sociales et les gestes barrières sont devenus la norme.

Difficile également pour Xerox de s’endetter à hauteur de 24 milliards de dollars – l’un des plus gros emprunts jamais contracté dans le secteur de la tech – alors que les prochains mois s’annoncent compliqués. La firme, déjà structurellement affectée par la numérisation des communications, doit maintenant composer avec une conjoncture rendue difficile sur le marché de l’impression avec les mesures de confinement décrétées dans plusieurs pays et l’essor du télétravail.

 

S’il a repris 5 % à la clôture de Wall Street à l’annonce de l’abandon de l’OPA, mardi soir, le titre Xerox a d’ailleurs perdu près de la moitié de sa valeur en un mois et navigue désormais autour des 19 dollars. Le groupe pèse 4 milliards de dollars en Bourse, contre près de 25 milliards pour HP.

Carl Icahn doit remiser ses plans

 

Fin mars, alors que Xerox annonçait suspendre temporairement ses velléités de rachat, la direction de la société de Palo Alto avait de son côté répété le risque « désastreux » que faisait courir une fusion complexe – d’autant plus dans les circonstances actuelles.

 

Malgré la complémentarité des deux groupes, le PDG, Enrique Lores, n’a jamais cru au scénario présenté depuis novembre par Xerox, selon qui l’opération permettrait des synergies à hauteur de 2 milliards de dollars. Il avait d’ailleurs lancé en février un vaste programme de rachat d’action de 15 milliards de dollars et adopté un plan « anti-OPA », qui prévoit d’accroître les droits de vote et les dividendes des actionnaires en cas de montée soudaine au capital d’un acteur extérieur.

 

L’abandon de l’OPA signe aussi la fin des ambitions de Carl Icahn, qui détient 11 % du capital de Xerox et 4 % de HP. Si la crise du coronavirus a pu jouer jusqu’ici en la faveur du financier – il est notamment monté au capital du groupe pétrolier Occidental pour imposer ses vues -, elle l’oblige cette fois à remiser ses plans de marier ces deux noms historiques de la tech dont il est actionnaire.

 

Lire : Les Echos du 1er avril

 

Jean-Philippe Behr

Nos partenaires

Demande d’adhésion à la CCFI

Archives

Connexion

Vous n'êtes pas connecté.

Demande d’adhésion à la CCFI