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Les salariés de l’imprimerie de Nice-Matin en colère

“C’est une trahison” : “Nice-Matin” voit son projet d’imprimerie dans le Var remis en cause, les salariés s’inquiètent, la direction temporise

Face à l’abandon du site prévu dans le Var pour l’impression des journaux, au profit d’un site commun avec “La Provence” qui se situerait à Vitrolles (Bouches-du-Rhône), la CGT du groupe “Nice-Matin” a présenté une contre-proposition au principal actionnaire, ce lundi 19 mai.

Nice-Matin souffle ses 80 bougies. Mais cette longévité est marquée par des inquiétudes. Même le nouveau site web, très attendu, ne masque pas les inquiétudes des salariés.

L’avenir du quotidien historique de la Côte d’Azur semble s’obscurcir. Ils étaient pourtant nombreux à avoir travaillé depuis quatre ans sur le projet d’une imprimerie dans le Var. Mais, le 2 avril dernier, le représentant de la holding NJJ, actionnaire de Nice-Matin, Anthony Maarek, annonce que le centre d’impression se situerait probablement dans les Bouches-du-Rhône, à Vitrolles. 

Selon les syndicats, le choix d’une délocalisation très loin de leur lectorat est susceptible de créer “des problèmes de bouclage et une perte de clients qui sera naturellement due aux problèmes de livraisons supplémentaires, à ceux déjà existants”. Car, chaque jour, il faut acheminer les éditions auprès de 45.000 “abonnés portés”.

À plus de 230km de l’édition la plus éloignée

Le 23 avril, les syndiqués CGT de Nice-Matin et de La Provence décident alors de ne pas faire paraître les journaux. Les syndicats défendent la nécessité “d’ouvrir un large débat national sur l’avenir de la presse, la localisation de ses outils industriels, la préservation des savoir-faire et la défense d’un véritable service au public de l’information, accessible à toutes et tous.”

Les deux actionnaires du groupe Nice-Matin et de La Provence sont soupçonnés, par les syndicats, d’instrumentaliser le rapport produit par la mission Soriano : mutualiser à tout prix. En 2023, le ministre de l’Économie, le ministre délégué chargé des Comptes publics et la ministre de la Culture ont commandé une étude de la distribution de la presse imprimée.

Ce rapport rappelle que ces 20 dernières années, les ventes au numéro ont chuté, les lecteurs se sont orientés vers le numérique. Ainsi, les ventes au numéro de la PQN (presse quotidienne nationale), PQR (presse quotidienne régionale) et presse magazine ont respectivement baissé de 86%, 78% et 79% entre 2000 et 2022.

Le rapport constate que “les mutualisations des flux logistiques, qui seraient de nature à maîtriser les coûts de distribution et à réduire l’empreinte carbone du secteur restent partielles”. Un des scénarii proposés par ce rapport est “une réforme structurelle de la chaîne logistique (…) reposant sur une conditionnalité à l’aide de distribution qui pourrait inciter”. 

À Nice, actuellement, 54 personnes sont dédiées à l’impression et à la distribution des journaux. Celle-ci se fait pour moitié en interne et l’autre moitié par une entreprise sous-traitante.

Une contre-propostion portée par les salariés

Lors de la dernière assemblée générale, le 12 mai, une grande majorité des salariés présents a voté avec tous les représentants syndicaux une contre-proposition. Cette dernière concerne un site au centre de la zone de diffusion du quotidien, entre Fréjus, Le Muy et Draguignan. Des représentants syndicaux ont pu visiter les lieux. Ils leur semblent possible d’installer le nombre de rotatives nécessaires, sans grandes constructions supplémentaires.

Ce lundi 19 mai, la contre-proposition des salariés a été présentée au directeur général du groupe Nice-Matin, au siège de la holding, à Paris. Ce dernier a assuré que le site situé au Muy restait “une alternative, une option sur laquelle (on) continue de travailler “, “c’est un projet de synergies, ça fait 4 ans qu’on en parle”.

Simon Perrot rappelle les difficultés rencontrées par le secteur «Notre filière de la presse a besoin de travailler intelligemment et de trouver des synergies, évidemment pour économiser de l’argent.” Le directeur explique que “Le Muy est toujours une option, plus on audit, plus Vitrolles correspondrait (mieux)». Le site des Bouches-du-Rhône a un avantage conséquent, il est prêt à accueillir les rotatives sans avoir besoin de réaliser de nouvelles constructions.

Le site produirait également pour La Provence, cela permettrait de réduire le coût de revient des journaux. « On est dans une réflexion commune, ils (les salariés) le savent, on est en train de tout auditer pour ne pas se tromper » et pour l’instant, tout est au conditionnel.

En attendant, à Nice, à quelques mètres des rotatives, le projet immobilier avance : “on voit les géomètres venir régulièrement, ils sondent et forent le terrain”, témoigne une source syndicale.

Lire : France Info du 19 mai

Jean-Philippe Behr

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