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IBM dévoile un processeur quantique d’une puissance inégalée

Fidèle à sa feuille de route, IBM vient de dévoiler Osprey, un processeur quantique de 433 qubits, soit trois fois plus que son prédécesseur présenté l’an dernier, et loin devant celui de Google. Le géant américain annonce également une collaboration avec Crédit Mutuel, une première en France.

Dans la course à l’ordinateur quantique, IBM fait tout pour laisser la concurrence sur place. Les chercheurs de l’entreprise américaine ont dévoilé ce mercredi Osprey, le premier processeur au monde doté de 433 bits quantiques (qubits), cette unité de mesure caractéristique de la puissance des ordinateurs quantiques.

Contrairement aux puces informatiques traditionnelles, qui codent les informations sous forme de 0 ou 1 bit, les ordinateurs quantiques fonctionnent avec des qubits pouvant être à la fois à la valeur 0 et 1, car ils utilisent les propriétés extraordinaires de la matière à l’échelle de l’atome ou de la particule.

En intégrant plus de 400 qubits dans une seule puce, IBM se félicite de présenter « le processeur quantique le plus puissant jamais conçu », indique aux « Echos » Jerry Chow, le directeur de l’unité de développement de systèmes matériels quantiques de l’entreprise. « A titre de comparaison, le nombre de bits classiques qui seraient nécessaires pour égaler la puissance d’Osprey dépasse le nombre total d’atomes dans l’univers connu », affirme-t-il.

Alors que son rival Google a récemment dévoilé un ordinateur à 72 qubits, IBM avance à pas de géant. Et surtout, l’entreprise met un point d’honneur à respecter sa feuille de route officielle, quand son concurrent de Mountain View brille par sa discrétion et ses annonces au compte-gouttes.

Depuis sa première annonce en 2016 avec son ordinateur à 5 qubits, l’entreprise a sorti une succession de puces présentant un nombre croissant de qubits, toutes nommées d’après des noms d’oiseaux – jusqu’au Eagle sorti l’an dernier, doté de 127 qubits, soit trois fois moins que son successeur Osprey. Sa « roadmap » comprend encore deux étapes supplémentaires –  les processeurs Condor de 1.121 qubits et Flamingo de 1.386 qubits en 2023 et 2024 – avant l’étape cruciale des 4.000 qubits avec son processeur Kookaburra en 2025.

Encore beaucoup d’erreurs de calcul

« Mais la puissance d’un ordinateur quantique ne se mesure pas uniquement à son nombre de qubits mais aussi à leur qualité », tempère Olivier Ezratty, consultant et spécialiste du sujet, regrettant qu’aucune information ne soit divulguée par l’entreprise sur les caractéristiques détaillées de la puce.

Bien que très prometteuses, ces machines n’ont en effet pas encore atteint l’étape du prototype opérationnel. Extrêmement sensibles aux perturbations, les qubits sont difficiles à contrôler, et leur augmentation va toujours de pair avec une multiplication des erreurs de calcul. « Ils génèrent entre 1 % et 3 % d’erreur à chaque opération, donc au bout de dix opérations seulement, on n’obtient plus qu’un tiers de bons résultats », résume Olivier Ezratty.

« C’est un challenge de passer à l’échelle supérieure avec ce genre de processeur, concède Jerry Chow. C’est pourquoi nous travaillons sur des techniques comme la réduction et la mitigation des erreurs, ainsi que la correction d’erreurs. » Optimiser le hardware, c’est-à-dire le design de la puce elle-même, est sur ce point aussi stratégique que l’amélioration de l’infrastructure logicielle, souligne IBM.

Dans cette marche lente mais régulière vers un processeur quantique avec application réelle, IBM peut compter sur la collaboration de « plus de 200 organisations et plus de 450.000 utilisateurs », l’entreprise centenaire ayant mis à disposition plus d’une vingtaine de ses machines sur le cloud.

C’est désormais le cas de Crédit Mutuel Alliance Fédérale, qui regroupe 14 des 18 fédérations du groupe. « Il s’agit de notre première collaboration en France », indique Jerry Chow. Cette association comprend « l’étude de l’applicabilité de l’informatique quantique aux cas d’usage de la banque et de l’assurance ainsi que l’élaboration d’un prototype », précise Crédit Mutuel Alliance Fédérale dans un communiqué. La puissance du quantique pourrait s’avérer révolutionnaire dans l’analyse de risque ou encore la détection des fraudes.

 

Lire : Les Echos du 9 novembre

 

Jean-Philippe Behr

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