La publication des résultats de l’enquête régulière du Centre national du livre sur la lecture des Français s’accompagne des habituels discours de déploration. Sans ignorer les inquiétudes légitimes de la filière, notre chroniqueur propose de replacer ses chiffres dans une perspective plus large.
Lire ?
La concurrence des écrans constituerait donc une menace. Et s’il ne s’agit plus des écrans de télévision comme dans les années 1980, ce sont les téléphones portables qui sont désormais ciblés. Et l’on peut s’interroger sur la définition même de la lecture. Les discours ne visent pas la traduction de texte en significations. L’usage des smartphones sans la lecture est-elle possible ?
Des réseaux sociaux à la presse en ligne, des SMS à la messagerie électronique, des applis de musique à celles de rencontres ou de navigation et autres, ne sommes-nous pas tout le temps en train de lire sur nos téléphones ? Et même du côté de la fiction, entre la fanfiction et les webtoons, il existe une offre de lecture abondante dont ne manquent pas de s’emparer les plus jeunes mais qui n’est pas toujours mesurée. Quelle est donc cette définition de la lecture au nom de laquelle la baisse de la lecture est présentée comme un problème ?
Lire des livres
Que ce soit les enquêtes Pratiques culturelles des Français ou celles du Centre national du livre (CNL), la lecture est mesurée par les déclarations de nombre de livres lus au cours des 12 derniers mois ou par le temps consacré à cette pratique. La « lecture » dépend donc de la fréquentation des livres. Certes, les études démontrent les bénéfices de la lecture de livres en termes de langage, de culture générale, d’attention, de capacités de rédaction… (un ensemble de données notamment compilées par Michel Desmurget dans son essai Faites-les lire ! Pour en finir avec le crétin digital, Seuil, 2023)…