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Les journaux américains ont du mal à gérer l’ère post-Trump

La plupart des médias voient leurs audiences s’effriter, outre-Atlantique, depuis le départ de Donald Trump de la Maison-Blanche. C’est particulièrement vrai pour les titres qui se montraient les plus critiques envers l’ancien président.

Donald Trump n’est pas vraiment sorti de la scène politique américaine, mais son départ de la Maison-Blanche n’a pas forcément été une bonne nouvelle pour les journaux. Les principaux quotidiens américains, en particulier ceux qui s’opposaient à l’ancien président républicain comme le « Washington Post » ou le « New York Times », ont vu leur lectorat chuter ces derniers mois. Entre octobre 2020 et octobre 2021, le premier a enregistré une baisse de son audience de 28%, à 66 millions de visiteurs uniques sur son site, le second de 15%.

Ces chiffres sont à nuancer. L’année 2020 était une année d’élection présidentielle et les quotidiens américains ont pleinement profité du phénomène, observé tous les quatre ans. Un an plus tard, même si quelques élections locales étaient organisées début novembre, l’actualité politique a été beaucoup moins forte.

Mais comme l’ancien président le souligne lui-même régulièrement, Trump fait parler et a permis aux médias, en particulier ceux de l’opposition, de vivre une sorte d’âge d’or sous sa présidence. Les différents feuilletons qui ont jalonné son mandat – ses deux procédures d’impeachment , la somme versée à l’ancienne actrice X Stormy Daniels , le combat pour obtenir la publication de ses déclarations d’impôts, etc. – ont attiré des millions de lecteurs.

De nouvelles échéances

« Nous avons reçu beaucoup d’aide, soulignait il y a quelques mois le rédacteur en chef de ‘The Atlantic’, Jeffrey Goldberg. Et bien sûr Trump nous a aidés car il nous attaquait régulièrement. Donc à chaque fois qu’il le faisait, il opérait comme notre directeur marketing. Et c’était incroyablement utile. » Entre la fin 2017 et la fin 2020, le « New York Times » est ainsi passé de 3,4 millions à 7,5 millions d’abonnés, le « Washington Post » a triplé ses chiffres, et même le «Wall Street Journal », beaucoup plus neutre, a gagné un million d’abonnés.

Plusieurs études ont démontré que la consommation d’informations était cyclique. Et la perspective des élections de mi-mandat, en novembre prochain, et surtout celle de l’élection présidentielle de 2024, pour laquelle les candidatures s’affûtent déjà, devrait permettre de stimuler l’intérêt des lecteurs dans les mois qui viennent.

Réunion de crise

Mais le désintérêt pourrait être plus profond. Une comparaison interne du « Washington Post » montrait qu’en 2019, presque tous les articles les plus lus du site concernaient la politique. En 2021, seuls trois du top 10 étaient des articles politiques. Le « Post » s’était plusieurs fois attiré les foudres de Donald Trump en révélant les coulisses de son administration.

La situation est suffisamment sérieuse pour que le « Washington Post » réfléchisse à la manière d’être moins dépendant de l’actualité politique. Selon le « Wall Street Journal » , le déclin des audiences du site du quotidien détenu par Jeff Bezos et celui des abonnés (passés de 3 millions en janvier à 2,7 millions en octobre) ont provoqué une réunion de crise. La nouvelle rédactrice en chef, Sally Buzbee , arrivée d’Associated Press cette année, aurait décidé d’investir davantage sur la rubrique culture et les enquêtes. Le « Post » pourrait aussi s’inspirer de son principal concurrent : une partie importante de l’audience du « New York Times » provient des jeux et des recettes de cuisine…

 

Lire : Les Echos du 21 décembre

 

Jean-Philippe Behr

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