Londres lâche du lest. Deux ans après l’adoption d’une loi visant à empêcher les prises de participation de puissances étrangères dans ses journaux, le gouvernement britannique s’apprête à autoriser un seuil de participation de 15 % dans le capital des titres nationaux. La mesure, présentée jeudi au Parlement, met fin à plusieurs mois de consultations au cours desquels les propriétaires de presse se sont livrés à un intense lobbying pour inciter l’exécutif à davantage de souplesse.
Selon la secrétaire à la Culture, Lise Nandy, il s’agit d’un compromis offrant la possibilité de défendre « pleinement la nécessité de protéger » les médias d’information « du contrôle des États étrangers », « tout en reconnaissant que les organisations de presse doivent être en mesure de lever des financements vitaux ». Il s’agit surtout de mettre fin à l’impasse dans laquelle se trouve The Telegraph, quotidien fondé en 1855 et titre phare de la droite conservatrice britannique.
Tout a commencé en 2023, quand la banque Lloyds a pris le contrôle de Telegraph Group – incluant également l’hebdomadaire The Spectator – au terme d’un long litige financier avec son propriétaire, la famille Barclay. Pour garder le groupe qu’ils possèdent depuis 2004, les Barclay ont imaginé un montage avec un consortium américano-émirien, baptisé Redbird IMI. Ce dernier réunit le fonds américain RedBird, dirigé par l’ancien patron de CNN Jeff Zucker, et le fonds d’investissement dans les médias d’Abu Dhabi (IMI), contrôlé par le cheikh Mansour Ben Zayed al-Nahyan, également propriétaire du club de football Manchester City…