Pour pallier la baisse du courrier, et donc de la vente de timbres, Philaposte se diversifie. L’imprimerie du timbre de Boulazac (Dordogne) propose désormais aux domaines viticoles des étiquettes sécurisées pour protéger les bouteilles de la contrefaçon.
Après les timbres, l’imprimerie de la poste à Boulazac (Dordogne) se lance dans les étiquettes de vins sécurisées. Philaposte propose ces “étiquettes augmentées” aux vignerons pour les aider à lutter contre la contrefaçon ou la revente de bouteilles suite à des cambriolages. “On s’y met pour compenser une baisse de production sur des produits historiques”, explique Romain Périgord de Villechenon, le directeur marketing nouveaux marchés de l’entreprise. Ce nouveau marché est également facile à intégrer “parce qu’il y a une similitude très forte entre ce qu’on fait, imprimer des choses esthétiques et sécurisées, les timbres, mais aussi les papiers d’identité, et ce qu’on peut apporter dans la filière vinicole, avec des étiquettes qui sont aussi sécurisées et esthétiques”.
“On en a déjà fait, et on en fait encore aujourd’hui, mais de façon anecdotique, alors qu’aujourd’hui, on veut le faire de façon assez massive”, avance Romain Périgord de Villechenon. Philaposte va en effet simplement reproduire sa méthode d’impression sécurisée, la taille-douce, mais cette fois pour des étiquettes de vin. Ce procédé est sécurisé en lui-même, parce que c’est le plus fin, le plus précis qui existe, et que très peu d’imprimeries dans le monde sont capables de le faire aussi bien que l’usine de Boulazac. “Plus c’est fin, plus c’est sécurisé. Nous, on travaille au micron, au millième de millimètre près, et ça, pour un faussaire, c’est quelque chose d’absolument impossible à reproduire à l’identique”, détaille Pierre Bara, le graveur de Philaposte.
Une encre infalsifiable
“On grave des petits creux sur une surface plane, on va encrer cette surface, et ensuite, par pression contre le papier, l’encre va venir se démouler, va venir adhérer au papier, ce qui va faire le dessin. C’est-à-dire que ça va créer un léger relief”, décrit Pierre Bara en montrant les machines qui servent à cette impression. Ce relief est un autre moyen d’authentification, notamment pour les douaniers : “Ils vont passer leurs doigts sur l’impression, et s’ils sentent un léger relief, ils vont savoir qu’il y a plus de chance que ça soit un vrai qu’un faux. S’il n’y a pas de relief, c’est un faux, ça, c’est clair !”.
Les imprimeurs ajoutent ensuite, à l’ordinateur, des microtextes : “Ce sont des textes tellement petits, tellement fins, tellement invisibles, insérés dans les lignes, qu’on ne peut pas les prendre en photo et les réimprimer avec une autre technologie d’impression”, expose Romain Périgord de Villechenon, tout en essayant d’en distinguer un sur une version agrandie d’une étiquette. Philaposte travaille aussi avec une entreprise française qui a développé une encre infalsifiable.
Pour les “vins de marque, les champagnes, les spiritueux…”
Avec ces étiquettes sécurisées, Philaposte vise “des vins de marque, des champagnes, des spiritueux, tout ce qui est très grande série ou à très grande valeur, énumère Romain Périgord de Villechenon. Ça s’adresse à un marché particulier, qui est quand même assez large, mais ce n’est pas tout le monde. La sécurité, c’est pour ceux qui ont peur d’être contrefaits parce que leur bouteille est tellement connue que n’importe où dans le monde, on va essayer de faire des fausses bouteilles de leurs noms, de leurs châteaux, avec leurs visuels”. L’imprimerie de La Poste espère bien se déployer au-delà du marché français, pour atteindre les viticulteurs espagnols, italiens ou même américains. Philaposte ne détaille pas le prix de vente de ces étiquettes, indiquant que cela dépend de la prestation et du volume d’impression.
En plus de la sécurisation, Philaposte propose aussi aux vignerons d’ajouter des éléments de marketing sur leurs étiquettes. Ils peuvent notamment inclure des QR codes qui renvoient vers des pages générées par l’intelligence artificielle, avec des informations sur le vignoble, le viticulteur ou encore les accords mets et vins. L’utilisation de ce service par les consommateurs permet ensuite aux vignerons de connaitre plus précisément leurs attentes.