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Quand les Français étaient fiers et heureux de lire des livres

L’effondrement de la lecture chez les plus jeunes suscite l’inquiétude. Le livre manuscrit était révéré depuis l’Antiquité et le livre imprimé depuis Gutenberg. Le prestige de la lecture était lié au rôle crucial de la culture écrite. Et cette histoire fait comprendre la rupture vertigineuse que nous vivons.

La jeunesse française lit de moins en moins, selon une étude récente. Le livre imprimé perd son prestige pour la génération née à l’ère d’Internet, qui vit saturée d’écrans. Et seul le recul de l’histoire permet de mesurer ce qui se déroule sous nos yeux incrédules.

L’écriture, on le sait, est née en Mésopotamie, et donc la lecture. Plusieurs supports d’écriture ont été en usage au fil des siècles : tablettes d’argile et de cire, bandes de lin et de cuir, parfois reliées. Au pays des Pharaons, dès le troisième millénaire avant notre ère, le roseau qui pousse aux abords du Nil, découpé, permet de constituer des feuilles collées les unes aux autres pour former un rouleau. Ainsi est né le papyrus. L’invention frappe tant les Grecs de la plus haute Antiquité qu’ils appellent le livre biblion, dérivé du mot biblos, qui signifie papyrus (et désigne la ville phénicienne du même nom, sous influence égyptienne à l’époque). Les auteurs -ou les copistes après eux- se référaient à ces rouleaux pour organiser leurs œuvres. Il est possible que la division de l’Iliade d’Homère en 24 chants découle de sa transcription en 24 rouleaux.

Un roi d’Egypte, Ptolémée V, qui a régné de 204 à 180 avant J.-C., a interdit l’exportation du papyrus vers le royaume de Pergame pour en conserver le monopole et garantir la suprématie de la bibliothèque d’Alexandrie (selon Pline l’Ancien, qui rapporte l’affaire dans son Histoire naturelle). Le rival du roi d’Egypte, le roi de Pergame, lui aussi fier d’une prestigieuse bibliothèque, a alors contourné l’interdiction en développant des supports d’écriture et de lecture en peau d’animal (mouton ou agneau). C’est l’origine du mot «parchemin», qui signifie, au sens premier, « peau de Pergame ».

C’est aussi à l’époque hellénistique (321-31 avant J.-C.) que la statuaire et les tombeaux, dans le monde grec, représentent souvent des personnages en train de lire…

Lire la suite : Le Figaro du 29/4/24 page 15

Pascal Lenoir

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