Le propriétaire de « L’Express » est en discussion avec des groupes de presse européens pour lever environ 15 millions d’euros, afin de financer ses projets à l’étranger.
Après avoir remis les finances de « L’Express » à l’équilibre, Alain Weill est déterminé à repositionner le doyen des newsmagazines français sur le chemin de croissance vigoureuse. Pour y parvenir, l’entrepreneur a décidé d’ouvrir le capital du groupe à de nouveaux partenaires. Avec pour objectif d’accompagner le financement de ses deux projets innovants : une nouvelle édition dans plus de vingt langues européennes et les salons virtuels.
« Dans le cadre de nos projets de développement, qui suscitent beaucoup d’intérêt, j’ai envie d’être accompagné à la fois pour diversifier mes investissements et pour développer des synergies avec des acteurs présents dans d’autres pays européens », révèle le propriétaire de « L’Express » dans un entretien aux « Echos ». « Le profil des investisseurs avec lesquels nous discutons est celui de groupes de presse européens. »
Augmentation de capital
Confiée à la banque Rothschild, l’augmentation de capital envisagée permettrait de lever environ 15 millions d’euros, avec de nouveaux actionnaires entrant à hauteur de 20 % à 30 % alors qu’Alain Weill resterait majoritaire. L’ex-PDG de NextRadioTV (RMC, BFM Radio et TV) avait pris le contrôle du magazine en 2019, en rachetant 51 % du capital à Altice, le groupe de télécoms de Patrick Drahi, avant d’acquérir le solde en 2023.
Alain Weill est convaincu de pouvoir quadrupler le chiffre d’affaires du groupe L’Express d’ici 2029, pour atteindre 100 millions d’euros. A cet horizon, plus de la moitié des revenus devrait venir de son activité dans les salons virtuels, lancée après le rachat d’une start-up lyonnaise en 2023, spécialisée dans les e-salons de franchise.
Baptisée L’Express Connect, celle-ci ne génère que 5 millions d’euros de revenus annuels, mais elle double de taille tous les ans, assure l’entrepreneur. Le groupe mise sur le développement à l’étranger pour faire croître les revenus de son activité de salons virtuels, pour les franchisés mais aussi sur l’éducation (Allemagne, Italie, Espagne). Une nouvelle thématique sur l’emploi est aussi dans les cartons.
« Depuis trente ans, la presse est une activité en récession », qui a subi les bouleversements technologiques de l’arrivée d’Internet à l’IA de nos jours, estime Alain Weill. « Je n’ai pas envie d’être dans la gestion d’un projet de déclin, je veux repositionner le journal dans un projet de dynamique forte », ajoute-t-il.
Recruter 30.000 abonnés en Europe
Si Alain Weill reste discret sur les noms des partenaires potentiels, il s’agirait de groupes avec qui des synergies sont possibles en matière d’évènementiel, notamment dans le domaine des salons virtuels. Très implantés dans leurs pays respectifs, ces acteurs permettraient aussi à « L’Express » d’y promouvoir ses projets, de recruter des abonnés. Des accords de fourniture de contenus seraient également possibles.
Côté presse, Alain Weill veut créer d’ici début 2026 une nouvelle application disponible en 24 langues et dans une trentaine de pays européens (les 27 membres de l’UE, mais aussi le Royaume-Uni, la Suisse, la Norvège, etc.) Elle sera alimentée par des traductions d’un tiers des articles du journal grâce à l’IA mais aussi par des contenus originaux, avec l’ambition d’« européaniser » le newsmagazine. Une vingtaine de journalistes devraient être recrutés.
L’entrée au capital de L’Express de groupes de presse actifs dans certains de ces pays serait un atout, alors qu’Alain Weill vise environ 30.000 abonnés pour la nouvelle offre européenne du magazine, soit « symboliquement » 1.000 abonnés dans chaque pays.