CCFI

« La France souffre de l’exode massif de ses meilleures forces vives »

Le PDG du cabinet de conseil Sia estime encore possible de stopper la fuite de cerveaux français.

LE FIGARO. – Comment analysez-vous la récente vague de nominations de Français à la tête de groupes étrangers ?

- MATTHIEU COURTECUISSE. – Ces derniers mois, le Choose France cher au président Macron a pris la forme d’un « Choose Frenchies ». Le géant américain des cosmétiques Estée Lauder, la banque néerlandaise ABN Amro, le leader mondial de l’IA générative OpenAI ont ainsi choisi des Français comme numéro un ou deux. Les entreprises étrangères ont identifié les forces de l’école managériale française. À la formation d’élite dans l’enseignement supérieur s’ajoutent les groupes français leaders de leur secteur, qui deviennent des fabriques de dirigeants, à commencer par L’Oréal et LVMH. Aucun autre pays européen ne bénéficie de cette image et de cette force. Depuis quelques années, il s’est constitué un « shadow CAC 40 » composé d’entreprises étrangères leaders sur leur marché dirigées par des Français, et ce dans tous les secteurs : la tech (ASML, Datadog, Snowflake), la finance (HSBC, Generali), la pharmacie (AstraZeneca, UCB, Mo­derna), l’industrie (Takeda, Koné, John Cockerill), le luxe (Ralph Lauren, Michael Kors, Nivea Beiersdorf) et les services (Expedia, Adecco). La valorisation de ces entreprises représente l’équivalent de 2 trillions de dollars, soit la capitalisation des entreprises du CAC 40.

LE FIGARO. – Faut-il y voir un élément positif de soft power français ou le signe d’une inquiétante fuite des cerveaux ?

- Pour voir dans ce phénomène un élément de soft power, il faudrait que ces dirigeants investissent plus dans l’Hexagone que s’ils n’étaient pas français. Or ce n’est pas le cas. S’ils font preuve d’une solidarité envers les Français, en promouvant des compatriotes ou en confiant des missions à des prestataires et des fournisseurs français, ils ont le plus souvent une grande défiance vis-à-vis de la France, au point pour beaucoup de gommer leur nationalité…

Lire la suite : Le Figaro du 28/6/25 page 22

Pascal Lenoir

Demande d’adhésion à la CCFI

Archives

Connexion

Demande d’adhésion à la CCFI