Le président du Syndicat national de l’édition, Vincent Montagne, évoque les grands enjeux du marché du livre français après la publication des chiffres du secteur en 2024 qui révèlent une baisse en valeur et en volume de l’industrie.
Livres Hebdo : Le SNE a présenté des chiffres à la fois rassurants dans ce contexte économique, et inquiétants pour l’avenir. Avez-vous des convictions sur l’évolution du marché du livre ?
Vincent Montagne : La conjoncture économique est difficile, quel que soit le secteur. À cela s’ajoute en ce qui nous concerne le constat d’une baisse structurelle de la lecture touchant aussi bien les jeunes que les lecteurs confirmés. Je vous renvoie aux chiffres du CNL. La lecture d’un livre, cela ne va pas de soi. C’est un acte exigeant, profond qui donne accès à une forme d’intemporalité. Quand on lit un livre, on s’engage pour des heures. C’est quelque part antinomique avec l’utilisation des réseaux sociaux.
« Qu’est-ce qui vaut la peine d’être édité et qu’a-t-on envie de promouvoir ? »
La polarisation du marché autour de genres comme la romance ou le roman policier met-elle à mal les autres segments ?
Je pense au contraire que c’est salutaire. Manga, polar ou romance, il faut saisir toutes les chances de faire entrer un nouveau lecteur dans une librairie. Quand je vois 42 % de jeunes venus au Festival du livre de Paris acheter de la New Romance ou le phénomène Freida McFadden, cela rappelle que le texte écrit est la meilleure façon de déployer l’imagination. L’image, par définition, oriente notre imaginaire. Souvenez-vous des articles contre Harry Potter au début des années 2000. Aujourd’hui, on voit tous les succès de collections à sa suite : Millennium chez Actes Sud et bien d’autres… Cela a permis à tous de faire des progressions considérables ! On ne peut pas tout mettre sur le dos de la baisse de la lecture. Il faut revenir à l’essentiel : Qu’est-ce qui vaut la peine d’être édité et qu’a-t-on envie de promouvoir ?…